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Barbelo, à propos de chiens et d'enfants

+ d'infos sur le texte de Biljana Srbljanovic traduit par Gabriel Keller
mise en scène Anne Bisang

: Rencontre avec Anna Popek, scénographe

Propos recueillis par Carine Corajoud

Anna Popek a conçu et réalisé la scénographie du spectacle. D’origine polonaise, elle étudie la peinture et la scénographie à l’École supérieure des beaux-arts de Cracovie, puis elle travaille pour plusieurs théât res et metteurs en scène polonais. En 2005, elle s’établit à Genève où elle rencont re Anne Bisang. Barbelo… est leur cinquième collaboration. Anna Popek nous en explique le processus de création et nous livre sa vision de la scénographie.


CARINE CORAJOUD - Comment avez-vous élaboré la scénographie de Barbelo… ?


ANNA POPEK - Avec Anne Bisang et Stephanie Janin, la dramaturge du spectacle, nous avons d’abord imaginé un espace réaliste, car la pièce est bien ancrée à Belgrade, selon l’indication que Srbljanovic donne dans ses premières didascalies :
L’action se passe aujourd’hui, dans la Serbie en transition. Chez moi , en-bas dans un trou. Et autour .
Par la suite, notre travail a pris d’aut res directions, en suivant là encore cer taines indications de l’auteure. Elle di t que les lieux n’ont en fait pas d’importance en soi . Nous nous sommes alors détachées du réal isme. Le texte dépasse la réalité historique de la Serbie et touche à des questions beaucoup plus vastes : il parle de la solitude, des gens en quête de soi et de repères. Nous en avons donc conclu qu’il n’est pas nécessaire de signifier concrètement les lieux (la maison, le restaurant ) et nous avons privilégié, sur la scène, deux moti fs répéti tifs du texte : le banc du parc et le muret du cimetière. Les autres espaces sont uniquement symbol isés par des accessoires introduits progressivement. Et même les scènes d’intérieur se déroulent dans cet espace ouver t, car les personnages er rent plus qu’ils ne sont rattachés aux lieux de manière fonct ionnelle. Ils pourraient s’entretenir tout à fai t ailleurs. I ls entrent alors en dialogue sur le banc, mobilier urbain qui permet des rencontres imprévues.


D’où est venue l’idée de l’anneau ?


Dans mes spectacles, j’aime transposer les propositions dramaturgiques par des structures géométriques. Tadeuz Kantor le disait : « On pourrai t dessiner par des figures géométriques l’évolution dramatique d’un texte. » Des mouvements circulaires, répéti tifs, caractérisent le texte, d’où l’idée de cercle. Nous l’avions d’abord posé à l ’horizontale, pour délimiter l’espace des personnages, mais nous l’avons ensuite redressé, pour off rir du jeu : des objets et, bien sûr , les comédiens pourront franchi r cet anneau immense de sept mètre de diamètre, sorte de focale qui guide le regard vers un espace indéfini au lointain, un désert, un no man’s land. Le cercle, c’est évidemment le cycle imper turbable du temps et de l’Histoi re. Mais cela renvoie aussi à l’anneau, à la bague de mariage et surtout à la matrice, le centre du monde, l’origine. On parle beaucoup dans le texte d’une force féminine et du désir d’enfantement. En fait, d’une certaine façon, c’est une pièce sur les femmes.


Quelles sont les premières images qui te sont venues à l’espri t à la lecture du texte ?


Les descriptions des lieux sont assez énigmatiques. Au début, bien sûr, on pense à la Serbie, mais en même temps les didascalies de l’auteure sont assez personnelles, elles sont en quelque sorte subjectives. Srbljanovic dépeint l’espace à partir de son propre ressenti. Et dans le même temps, elle offre une grande liberté. Ce sont des espaces « ouverts », également dans le sens où ils laissent libre cours à l’interprétation.


Comment se déroule la création d’une scénographie ?


La première lecture du texte a lieu environ six mois avant les répétitions. Les premières intuitions, le pressentiment de départ sont très importants. Nous nous mettons d’accord avec la metteure et scène et la dramaturge sur ce que nous entendons par le texte. Puis nous concevons l’espace et je réalise une maquette dans laquelle nous jouons pour tester le décor et pour voir comment ce monde va fonctionner. Les comédiens feront bien sûr évoluer les choses, car ils investiront la scène à leur manière et proposeront donc des modifications. Après cette phase de conception, nous const ruisons le décor aux ateliers, en faisant appel à différents corps de métiers : des menuisiers, des serruriers, des peintres, en fonction du type de décor. L’éclairagiste ou l’ingénieur du son, qui font partie de l’équipe de création, se calquent ultérieurement sur not re espace, en fonction du climat que nous aurons créé. C’est un travail de collaboration, où il faut savoir êt re à l’écoute des autres, tout en gardant sa ligne et en prenant les ultimes décisions.

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