Autour de ces thématiques plus générales sur l’identité, l’image et la parole en action, nous allons axer notre travail sur 2 focus:

1. Une recherche approfondie autour la question de la limite réel-fictionnel, des choix possibles et des communications virtuelles

Nous allons interroger nos technologies qui nous permettent de tout faire facilement depuis notre bureau. Aujourd’hui en effet l’image télévisée, vidéo est partout à portée de tous. Ces « hikikomori,», chez eux peuvent tout à fait se créer une vie virtuelle, d’avatar ou de film, rien qu’à l’aide de leur téléphone, de leur ordinateur ou de leur appareil photo.
Dans le monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux (Guy Debord) Il y a 1'000 possibles en moi, mais je ne peux me résigner à n’en être qu’un seul (André Gide)
Lors de nos pré-répétitions fin septembre 2011, nous avons pu expérimenter différentes techniques. Ce qui nous a paru le plus intéressant, c’est la confrontation entre le réel du plateau et le direct du virtuel, via skype ; concrètement, un ou une comédienne hors-plateau se filmant via webcam et son image retransmise sur un écran au milieu de l’aire de jeu.
Une autre illustration possible de la complexe identité de Anne est la recherche en direct sur la toile par les comédiens d’images ou de vidéos qui illustrent, soutiennent ou contredisent le propos ou l’émotion du plateau.
Les écrans et webcams sur scène nous ont permis d’élaborer un travail de cadrage vivant : un zoom sur une comédienne, un espace défini, des effets de miroir et de mise en abyme, comme une manipulation du réel.

Comme le propose Crimp, nous jouerons sur les limites entre présence et absence, visible et invisible, réel et imaginaire, virtuel et réel, fantasme et réalité brute… Des couches à développer, à tisser, à mettre en conflit !

2. Un travail de choeur, musical et rythmique

Atteintes à sa vie est un texte extrêmement musical, rythmique.
Je cherche souvent à développer une interdisciplinarité, non pas comme un style, mais parce que, en se mélangeant, les arts gagnent en force.
L'écriture de Crimp nous permet d'être très précis et percutants, et de générer une partition textuelle rythmique et musicale, à la façon d'un oratorio. Ainsi, je place sur scène un choeur de 6 personnes. Ils sont Anne, ils sont « nous », ils sont « eux-mêmes». ils sont le lien entre le texte écrit et la parole parlée, balancée. Le jeu oscille constamment entre l’humour de la distance et l’émotion d’un témoignage…

Le choeur s’adresse directement au public, dans un grand élan de conviction. Ils se partagent, s’arrachent la parole, ils se coupent, se recoupent, se retrouvent…
Ainsi, un musicien sur scène, parmi eux. Toute la représentation est liée par cette musique, en cours de composition. Elle vient ponctuer, accentuer, dramatiser. Mais le choeur va aussi chanter certains scénarios. Grâce à cette mélodie, la dynamique du choeur et les changements d’ambiance des scénarios sont facilités, plus fluides…
Un thème récurrent, comme la présence d’Anne, vient lier les 17 scénarios. Ce leitmotiv permet au spectateur de ne pas se retrouver uniquement face à des éclats de vie, mais, et peut-être de façon purement émotionnelle, sans comprendre vraiment l’unité, de sentir un lien entre les choses, une essence commune.