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Aegri Somnia

mise en scène Jean Lambert-wild

: Extraits

Ne plongez pas !
Glissez dans l'eau !
Nagez calmement !
Ecoutez, la tête dans l'eau ou hors de l'eau !
Quoi qu'il arrive, laissez-vous dériver…



I


De malédiction
Il n'y en aura plus.
Surtout,
Ligoté à la vie,
La joue posée sur ton ventre,
Tu seras reposé.
Là,
Accepte la caresse des coups.
Accepte la.
Laisse ce champignon
Envahir ta peau.
C'est son parfum
Qui t'a englouti.
Là,
Là où tu es,
Tes membres seront cousus.
Ta fureur entravée.
Tes cris
Seront les voûtes souterraines
D'une maison bien tenue.
Et maintenant,
Tends l'oreille.
Tends la.
Ce monde agite ses ruines.
Il danse
Mais ne croit plus en la danse.
Sur lui,
Il tourne sans repos.
Prêt à payer l'impayable
Pour décorer son ennui.
C'est là
Toute sa victoire.
C'est là
Le campement de son chagrin.




II


Mais
Il fallait marcher
Et nous allions de l'avant
Pendant que
Voguant au-dessus de nos têtes
Des troupes de pysalies
Laissant
Leurs tentacules d'outremer
Flotter à la traîne
Des méduses
Dont l'ombrelle opaline
Ou rose tendre
Festonnée d'un liston azur
Nous abritait des rayons solaires
Et des pélagies panopyres
Qui
Dans l'obscurité
Eussent semé notre chemin
De lueurs phosphorescentes.



III


Ne t'es tu pas trompé ?
Tes muscles ne t'ont-ils pas trahi ?
Que fais-tu
Au milieu de cette foule
Figée en elle-même ?
Toi,
Dont les yeux
Piqués de soleil
Posaient des questions à l'horizon.
Toi
Dont les chevilles
Griffées par les herbes
Dirigeaient tes pas vers les sommets.
Je ne te reconnais plus.
Je ne te reconnais plus.
Ton odeur m'est inconnue.
Tu sens la pioche
Soucieuse de creuser.
Tu sens la porte
Inquiète de s'ouvrir.
Tu pues.
De part en part
Tu pues.
Toi
Dont les yeux
Piqués de soleil
Posaient des questions à l’horizon.
Toi
Dont les chevilles
Griffées par les herbes
Dirigeaient tes pas vers les sommets.
Reprends ton pas.
Parcours la ville.
Fais lui entendre ton cri.
Quitte la foule,
Heureux de toi,
Quitte la !
Arrache t’en et tombe.
Là est ta vigueur.
Là est ton mouvement.


IV


Polypes et échinodermes
Abondaient sur le sol.
Les isis variées,
Les cornulaires qui vivent isolément,
Des touffes d’oculines vierges,
Désignées autrefois
Sous le nom de "corail blanc",
Les fongies hérissées en forme de champignons,
Les anémones adhérant par leur disque musculaire,
Figuraient un parterre de fleurs,
Émaillé de porpites parées de leur collerette de tentacules azurées,
D’étoiles de mer qui constellaient le sable,
Et d’astérophytons verruqueux,
Fines dentelles brodées par la main des naïades,
Dont les festons se balançaient
Aux faibles ondulations provoquées par notre marche.
...


Jean Lambert-wild
Aegri Somnia - Éditions Les Solitaires Intempestifs

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