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A l'ombre

+ d'infos sur le texte de Pauline Sales
mise en scène Philippe Delaigue

: Genèse

“Cette illumination a été un incendie : il n’est plus rien resté devant mes yeux du théâtre français ; entre le Berliner et les autres théâtres, je n’ai pas eu conscience d’une différence de degré, mais de nature et presque d’histoire. D’où le caractère, pour moi, radical de l’expérience. Brecht m’a fait passer le goût de tout théâtre imparfait, et c’est, je crois, depuis ce moment-là que je ne vais plus au théâtre.”


Témoignage sur le théâtre, Roland Barthes
Esprit, mars 1965




Et quand Baal ne voyait partout que des cadavres,
Sa volupté toujours était deux fois plus grande.
On a de la place, dit Baal, on n’est pas tant,
On a de la place, dit Baal dans ce sein-là.


Si Dieu existe, ou bien s’il n’y a pas de Dieu,
Peut, tant qu’existe Baal, lui être bien égal,
Mais un point sur lequel il ne faut pas blaguer,
C’est s’il y a du vin ou s’il n’y en a pas.


Lorsque, dit Baal, une femme vous donne tout,
Laissez-la s’en aller, car elle n’a plus rien !
Ne craignez pas les hommes autour de la femme.
Ça va. Mais les enfants, Baal lui-même les craint.


extrait, Le Choral du grand Baal, Bertolt Brecht




Pygmalion, sculpteur chypriote de l’Antiquité, a créé, d’après la légende, une statue de femme d’une telle beauté qu’il en est tombé amoureux. Ayant demandé aux dieux de donner vie à cette statue, la déesse Aphrodite l’a exaucé.




“L’Homme l’exploitait, il en avait probablement le droit, un homme de talent avait cueilli ce qui se présentait. Et même si elle était exploitée, elle vivait dans une atmosphère de génie et avait son destin là-haut sous les toits, elle n’était pas perdue pour autant, enfin, pas encore. Chaque cheveu de sa tête était compté, chaque larme recueillie dans un calice. Et il ne l’avait pas engrossée, c’était même quelque chose dont elle pouvait lui savoir gré.”


“Il y avait une place, en principe, pour ses élues. L’Homme était un soleil. Il avait les mains partout. Et le choc dormait encore.”


“L’Homme était un homme à part. En fin de compte il s’efforçait d’aider les hommes. En pratique, il se conduisait en contempteur de l’humanité. On ne voulait pas l’admettre de sa part, et d’ailleurs il n’avait pas le pouvoir. On voulait bien qu’il fut un homme nouveau, mais tout de même pas trop nouveau, le noyau pas trop dur et l’écorce moins rude, il fallait bien se faire des concessions. Après tout, il aurait dû se comporter moins scandaleusement. Peut-être fallait-il le prendre comme il était, mais on eut préféré l’amollir.”


Avant-garde, Souvenirs sur Brecht, Marieluise Fleisser, traduit de l’allemand par Henri Plard




(…) Les favoris d’un tyran ne peuvent jamais compter sur lui parce qu’ils lui ont eux-mêmes appris qu’il peut tout, qu’aucun droit ni devoir ne l’oblige, qu’il est habitué à n’avoir pour raison que sa volonté, qu’il n’a pas d’égal et qu’il est le maître de tous ; n’est-il pas déplorable que malgré tant d’exemples éclatants, sachant le danger si présent, personne ne veuille tirer leçon des misères d’autrui et que tant de gens s’approchent encore volontiers des tyrans ?
Qu’il ne s’en trouve pas un pour avoir la prudence et le courage de leur dire comme le renard de la fable au lion qui faisait le malade : “J’irai volontiers te rendre visite dans ta tanière, mais je vois assez de traces de bêtes qui y entrent ; quant à celles qui en sortent je n’en vois aucune.”
(…)
Quelle peine ! Quel martyr, grand Dieu ! Être occupé jour et nuit à plaire à un homme et se méfier de lui plus que tout au monde. Avoir toujours l’oeil aux aguets, l’oreille aux écoutes pour épier d’où viendra le coup, pour découvrir les embûches, pour tâter la mine de ses concurrents, pour deviner le traître. Sourire à chacun et se méfier de tous, n’avoir ni ennemi ouvert, ni ami assuré, montrer toujours un visage riant quand le coeur est transi ; ne pas pouvoir être joyeux, ni oser être triste. (…)


Discours de la servitude volontaire, La Boétie

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