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2666

d'après 2666 de Roberto Bolaño
mise en scène Alex Rigola

: Conversation avec Alex Rigola

Comment est né ce projet ?


J’avais envie de raconter une histoire nouvelle, actuelle et la fascination que je ressens pour l’oeuvre de Bolaño et plus précisément pour ce roman m’ont amené à travailler sur l’adaptation de ce texte exceptionnel. Un spectacle, un roman offrent des matériaux très différents. La poésie qui se dégage d’un roman est complètement différente de celle de la scène. (…).
Dans ce roman, le monde à représenter est tellement vaste, que cela laisse une grande place à la création, à l’imagination. Les intrigues du roman se déroulent dans des endroits très différents. Cela demande un effort considérable d’invention à cause des espaces différents et aussi de la longueur du roman.


Il s’agit d’un récit en arborescence. Comment cela est-il transposé sur la scène ?


J’ai souhaité conservé la même forme que le récit. Une des multiples forces de ce roman est d’avoir choisi comme protagoniste non pas un personnage physique mais une ville. Elle représente, selon Bolaño, ce qu’il y a de pire en nous. Santa Teresa, la Ciudad Juarez réinventée par Bolaño, est une société en voie de désintégration où échouent progressivement les personnages, lesquels sont euxmêmes en quelque sorte dans un processus de désintégration.


La structure en cinq parties du roman, est-elle maintenue dans le spectacle ?


Oui. Il y a une façon de travailler spécifiquement chaque partie. Dans la première, l’idée a été d’organiser une conférence où les participants sont les quatre protagonistes de cette histoire : ils commencent en la racontant de manière neutre, mais lentement ils s’impliquent de plus en plus. La deuxième partie a quelque chose de David Lynch, à cause de quelques faits paranormaux, surnaturels ou étranges qui arrivent, par exemple, le personnage commence à entendre la voix de son père mort qui lui indique le chemin qu’il doit suivre, et surtout le prévient de faire attention car la situation est dangereuse. La troisième partie est une sorte de roman noir, de film du cinéma noir. La quatrième est un oratoire avec douze voix qui récitent les noms des morts. Et dans la cinquième, l’idée est de retourner à une narration où le théâtre d’objets aura une certaine importance. C’est raconter l’histoire d’Archimboldi comme un grand carrousel de la vie.


Es-tu allé au Mexique avant de commencer les répétitions ?


Oui, les faits racontés dans le roman sont réels et palpables. Le roman donne une vision de la ville beaucoup plus noire de ce qu’elle est en réalité. J’ai essayé d’intégrer tout ce que j’ai pu observer et ressentir dans la mise en scène, il est important de rappeler que le roman se base sur des faits réels. J’ai intégré des images prises là-bas dans le spectacle. Ce n’est pas la même chose de raconter l’histoire de l’assassinat d’une femme, que de la raconter avec la photo de cette femme morte, projeté derrière. De la même façon peut apparaître l’image des endroits réels où se passe ce qui est raconté.


Ta Santa Teresa, est-ce l’enfer de Bolaño ou la Ciudad Juarez réelle ?


C’est un mélange. C’est une ville où la mort et l’assassinat font partie de la vie quotidienne et tout le monde le vit comme normal. C’est pareil pour le « trafic » des gens qui traversent la frontière avec des passeurs (…).
Nous vivons dans un monde, dans une société, où nous ne voulons pas voir certaines choses. Bolaño définit la ville dans son roman Amuleto, comme un cimetière. On s’attache tout de suite aux événements particuliers, et par contre, on laisse échapper très souvent les choses importantes qui laissent l’empreinte d’une société et de ce que nous avons construit comme société.

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