Une Histoire vraie fait suite à un travail de fiction sonore, réalisée à la prison des Baumettes en 2020. Il a donné naissance à un processus de création, entre écriture sonore et écriture textuelle, que je veux expérimenter plus profondément et étendre à d’autres groupe de personnes : Comment la force de la fiction - ici portée par l’écran de cinéma - nous permet de toucher à d’autres récits, qui nous appartiennent intimement ? Quelles sont les représentations que nous avons de nous-mêmes, individuellement et collectivement ? Après la prison, je suis donc allée à la rencontre de deux communautés autour d’Avignon : des religieuses vivant dans les murs de la ville et des résidents d’un centre d’hébergement de longue durée, en marge de l’agglomération. J’ai enregistré des histoires que l’on a bien voulu me raconter. Réelles ou fictives, ces histoires sont toutes nées d’une expérience partagée : l’expérience cinématographique.  À la manière des cinés clubs d’autrefois, nous avons visionné quelques films, choisis pour la capacité d’identification ou de mystification qu’ils offraient aux personnes concernées. Et la fiction a provoqué de la fiction. Les voix se sont déployées, avec leur grain particulier. Des histoires sont venues se nicher dans mon enregistreur, créant d’autres vies et d’autres eux-mêmes à toutes ces personnes, m’offrant une matière d’écriture. Ce n’est pas du documentaire, c’est de la fiction. Qui ressemble à s’y méprendre à la réalité.