Thérèse, femme, sœur, épouse, enfant du cap haïtien, s’en va. C’est de ce mouvement vital dont la pièce s’empare. Mais ici le voyage précédera le départ. Thérèse en mille morceaux est le récit d’une insurrection, d’une révolte qui ne sait pas son nom. Parler, au bout du compte, est une lutte pour l’initiative. C’est dans le corps de Thérèse, jeune femme ordinaire, fille de propriétaires terriens dans l’Haïti des années 60, qu’a lieu le théâtre d’une révolte, le théâtre d’une rupture qui la rend méconnaissable aux autres et à elle même. Thérèse a fait vœu de tranquillité, elle se tient là où on l’attend, et c’est dans ce corps offert silencieusement à l’oppression familiale et politique que s’invite “une autre Thérèse“. Qui parle où le silence est fondation, qui remue où l’immobilité est garante de l’Histoire, qui ouvre impunément portes et fenêtres tenues fermées.

Ce qui ne peut pas bouger dans Thérèse, ce qui veut, ce qui doit trouver la sortie dans Thérèse est, bien sûr et aussi, ce qui interroge et inquiète l’auteur dans l’histoire de son pays. Au-delà de l’être intime, la traquant dans les désordres et les débats intérieurs de son héroïne, il entreprend une profonde interrogation sur l’écrasement du poids de l’Histoire, sur la crainte de renoncer au confort de la chose commune, sur la puissance du désir.