Quatorzième Débris L’moniau
Du temps a passé. Franck est seul. On frappe à la porte. Il va ouvrir.
Franck C’tu fous là ?
Josse J’m’étais dis Franck aurait p’t’êt besoin d’un coup d’main
Franck Ouais ? Quoi faire ? T’ennuies ?
Josse Sais Pas. Oui. L’jardin. Y’est tout en friche
Franck Ouais Sais vieux. Mais pas d’main la veille alors Il va pour fermer la porte
Josse Franck Attends. Attends Franck entrouvre Tu pourrais p’t’êt m’offrir un café non ?
Franck Un café ?
Josse Ouais
Franck C’t’as derrière la tête Josse ?
Josse Moi ? Rien. T’assure Franck. Juste causer.
Franck Causer
Josse Hum
Franck Entre ‘ssuie bien tes pieds bordel !
Josse Ouais, s’cuse Des femmes ici hein ?
Franck Ouais
Josse Pas commode hein
Franck La tienne ?
Josse Bo’ J’peux pas rentrer dans la maison avec mes chaussures alors dis rien
Franck ‘ssied-toi Glut’ ?
Josse Quelle heure il est ?
Franck L’heure de l’glut’ Alors ?
Josse Glut’ ‘lors
Ils rient. Franck donne une bière à Josse et s’assoit en face de lui. Ils boivent. Silence.
Franck ‘lors v’lais m’aider
Josse Ouais
Ils rient.
Franck Sûr
Silence Ils regardent par la fenêtre.
Franck Sal’té d’temps
Josse Ouais
Silence
Josse Un truc qui cuit ?
Franck Ouais L’soupe Pour l’tiot
Josse T’es seul ?
Franck Ouais
Josse D’où qu’elles sont ?
Franck Sais pas Sorties ‘ch’té un moniau p’t’être pour la p’tite
Josse Un moniau ? Si elle veut t’fille j’y montre l’mien d’moniau ! Il rit démesurément.
Franck casse sa bouteille de bière sur la table, se lève, va derrière Josse, lui attrape d’une main les cheveux et de l’autre lui met sa bouteille sous le cou
Franck Tire ça d’ta putain d’tête ou j’te claque
Josse Attends vieux attends J’plaisantais là Plaisantais là vieux Faut pas l’prendre comme ça attends
Franck Foutre ton nez ailleurs
Josse Franck
Franck Tire ça
Josse Franck
Franck Tire ça
Josse Franck
Franck …
Josse Tu me tues !
Franck serre Josse à terre, il s’accroupit sur lui, l’écrase, presse la bouteille contre son cou. Josse attrape d’une main Franck par les cheveux, tire sa tête en arrière, pose l’autre main à son cou ensanglanté, puis la presse contre le visage de Franck.
Lisa entre. Un panier dans une main, un pot-au-lait dans l’autre. Elle les regarde, lâche tout. Des pommes roulent sur le sol. Le pot-au-lait tinte et se renverse. Franck la regarde sans lâcher prise. Josse aussi.
Silence. Respirations.
Les hommes se lâchent. La tête de Josse sur le sol. Elle claque. Franck se redresse, fait face à Lisa. Dans l’une de ses mains, une touffe de cheveux de Josse. Dans l’autre, les bris de verre de la bière. Josse se recroqueville sur lui-même en tenant sa tête.
Josse Aïe
Lisa se met à ramasser les pommes une à une. Elle prend un couteau, vient s’asseoir à côté de Josse et commence à éplucher une pomme. Elle donne des quartiers à Josse. Il mange. Franck reste debout, les regarde. Il quitte la pièce, revient avec une bière, s’assoit, les regarde.
Lucie entre.
Lucie Oh non mam’ le lait !
Elle court dans la cuisine, revient avec une serpillière et un seau et se met à éponger le lait doucement. Puis elle se lève, va s’asseoir devant le visage de son père, essuie le sang avec ses mains.
Josse se lève, touche son cou. Ses cheveux là où il en manque. Regarde Lisa, Franck, puis Lucie, puis Franck.
Josse Je suis désolé. Désolé. Il vaut mieux que Il vaut mieux que je m’en aille maintenant non ?
Lucie Oui Josse il vaut mieux Maintenant Il vaut mieux.
Sabine Tamisier
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