Le jeune Chris est le fil rouge de la pièce. Nous allons suivre quelques épisodes de sa vie. La première séquence le fait voir à l’école, et, déjà, il apparaît comme un être en conflit, soumis à des forces contraires, qui l’agitent, le ballottent. Les rapports qu’il entretient avec les autres personnages – l’Institutrice, le père, la mère, les amis, les rencontres sont autant de chocs qui l’entaillent, le perturbent, sans qu’il en comprenne la raison. Chris se bat vaillamment contre ce mur de ronce qu’est sa vie, cherche à y faire des brèches, y parvient parfois, mais les brèches une fois faites, le mur de ronces se recompose, et Chris se blesse lui-même, blesse les autres. Il a mal et il fait mal. L’idée du chemin de croix vient à l’esprit, (la structure en « stations » y fait penser), mais ce serait un chemin de croix où le lecteur et le porteur de croix ne sauraient pas pourquoi il faut porter une croix. Et puis non ! En définitive, l’expression « Chemin de croix » n’est pas adéquate. Chris ne souffre pas comme le fils de dieu qui se sacrifie. Il ne sait pas où est le foyer actif de sa souffrance. Il souffre comme un être qui ne trouve jamais la bonne distance qu’il faut pour dominer le réel, sa souffrance ne semble mener à aucune rédemption. Jean-Marie Piemme