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Pour la vie

de Francesca Garolla

Texte original : Per la vita traduit par Federica Martucci

Écrit en 2022 - français

Présentation

Per la vita est né au sein d'une trilogie qui aborde le thème de la liberté à travers trois déclinaisons différentes. Dans Tu es libre, une liberté "absolue" dans laquelle nous ne nous interrogeons pas d'un point de vue éthique ou moral sur les conséquences de nos actions ; une liberté qui touche plutôt le thème de la responsabilité, individuelle, collective et historique dans son héritage générationnel, dans Se ci fosse luce ; enfin, ici, une liberté "refusée", évitée, niée à soi-même. Per la vita étudie comment on peut accepter une condition d'emprisonnement, réelle ou mentale, de manière consciente et volontaire. Une femme parle à une mère qui ne lui répond pas, et à une sœur qui, comme elle l'avoue elle-même, est partie sans un mot. La sœur et la mère habitent ses pensées et ses mots, lui disent quoi faire, quoi dire, comment penser, la conditionnent en leur absence, plus encore qu'en leur présence. La protagoniste semble obéir à la volonté de quelqu'un d'autre, d'une mère-maman qui l'a reléguée dans sa chambre, la rendant terrifiée et dégoûtée par la vie à l'extérieur de ses fenêtres, " forcée ", emprisonnée dans des règles et des déclarations qui ne sont pas les siennes. Dans une concaténation d'images, de suggestions, de souvenirs et de langues (italien et français) qui n'a aucune logique apparente, ou plutôt, qui suit une logique méconnaissable, cette femme parle les mots des autres, raconte des paysages qu'elle n'a jamais vus, qui lui ont seulement été relatés. Complètement aveugle à la réalité, elle n'ose ni ne veut regarder à l'extérieur de ses fenêtres, car le seul monde qu'elle connaît est celui qu'on lui a raconté. Et c'est un monde obscène. Mais c'est précisément lorsque sa mère disparaît, même à ses yeux et à ses oreilles - a-t-elle jamais vraiment existé ? -, lorsque sa voix se tait, que nous comprenons comment la protagoniste ne veut pas vraiment se libérer, car c'est dans sa prison - qu'elle a voulue, imaginée, habitée - qu'elle trouve sa liberté.

Nombre de personnages

  • 1 femme(s)