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Opéraporno

de Pierre Guillois


Opéraporno : Note d'intention

par Pierre Guillois

Si l’idée originale émane bel et bien du compositeur Nicolas Ducloux, c’est avec délice que je me suis approprié le défi de cet ouvrage lyrique licencieux. Sous les atours « faciles » d’une œuvre libertine se cache un défi immense : celui de conduire une oeuvre lyrique dans les affres du sexe le plus déviant en relevant le pari d’une comédie réussie et d’une musique capable d’émouvoir.
 Nous admettons, avec Nicolas Ducloux, qu’il s’agit davantage d’une opérette ou d’un théâtre musical que d’un véritable opéra. Mais l’appellation opéra porno est irrésistible et indique mieux l’endroit de profanation sur lequel nous prétendons nous divertir avec les chanteurs lyriques et cette musique savante.
L’opérette connaît une tradition grivoise. Nous poussons seulement le bouchon un peu plus loin, époque oblige. Ma seule clé de salut est l’humour. Le rire seul nous sauve du véritable outrage. Peut-être est-ce d’ailleurs sous cet angle qu’il faut lire ce texte. Celui d’une tentative de comédie interdite, de comédie paillarde, de comédie du scandale. Il est toujours intéressant de se situer dans cet endroit de liberté absolu pour un artiste. L’autorisation qu’on se donne à soi-même d’écrire un ouvrage qui parlera de sexe, en ne se fixant aucune limite, ni morale, ni technique. Seulement l’obligation de provoquer le rire, d’échafauder une implacable comédie.
Mon écriture a pris un élan particulier, un plaisir certain grâce à cette « permission » absolue qui m’a permis de trouver des ressorts de comédie inédits, tentants depuis toujours, inusités par contrition, en jachère depuis des lustres de censure inconsciente.


Ce texte s’adresse aux adultes qui seront d’accords pour partager, entre adultes, un moment d’humour tranchant sur le sujet que nous avons tous en commun : le sexe. Certes, la sexualité des protagonistes est particulièrement perturbée. Mais nous savons que nous sommes tous, sexuellement, des marginaux, pour un peu que quelqu’un témoigne des détails nos actes les plus intimes ou de nos phantasmes les plus enfouis.


C’est donc sur ces tabous, ces interdits, sur ces peurs que s’appuie l’ouvrage pour produire un humour particulièrement féroce. J’ai la prétention de croire que le rire n’en sera que plus libérateur, plus puissant, provenant du plus profond de l’être. Jusqu’au risque du rejet bien sûr, du refus du pacte.


Pierre Guillois, mai 2017


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