theatre-contemporain.net artcena.fr

Couverture de Maître Karim la perdrix

Maître Karim la perdrix

de Martin Bellemare


Maître Karim la perdrix : Processus d'écriture

Par Martin Bellemare

L’impulsion de l’écriture de cette pièce est une rencontre, celle d’une personne travaillant pour un organisme d’assistance juridique en centre de rétention. Nous nous sommes croisés quelques fois, et à chaque occasion la teneur de nos échanges à propos des centres de rétention déclenchait énormément de réactions en moi. J’ai donc proposé à cette personne un rendez-vous en règle, où j’amènerais une enregistreuse et où la conversation à sens unique porterait uniquement sur ce sujet. Je la questionnerais, elle répondrait. J’étais enchanté de son accord et de sa générosité.
Animé par le contenu de trois heures d’anecdotes, d’informations, d’états d’âme que j’avais transféré sur mon ordinateur, j’ai travaillé à transposer la totalité de cette bande sonore à l’écrit, en respectant scrupuleusement toutes les marques d’oralité. Au bout de ce travail, j’avais une liste de questions. Nous avons organisé une seconde rencontre, encore une fois enregistrée, où j’ai complété ma banque de mots avec les réponses reçues. J’ai encore une fois fait l’exercice de tout transposer mot à mot à l’écrit. J’avais là mon matériau.


Bien sûr, à partir du moment où ce sujet est devenu un projet, j’ai lu des articles, j’ai rencontré et écouté différentes personnes à propos de leurs expériences, j’ai assisté à des audiences à la Cour nationale du droit d’asile à Montreuil, visité un Centre ouvert en Belgique, etc. pour me tremper dans le sujet, mais l’évidence était que j’avais déjà tout en main, en termes de paroles, pour construire la pièce.


L’écriture a consisté en remaniements, changements de noms et en choix dramaturgiques. Comme celui d’évoluer d’une langue froide et administrative (présentation des lieux et des fonctions au début du texte), vers une langue plus humaine et orale en avançant dans le récit, l’exercice de la transposition du mot à mot se révélant fort utile pour préserver cet élément oral dans la parole que j’avais recueillie. Des choix dramaturgiques comme celui de prendre comme noyau principal l’histoire de Karim (nom fictif), ayant visité plusieurs fois un centre de rétention sous des noms différents. Comme celui d’organiser la structure suivant les différentes visites de Karim. Et en cela il s’agit bien de théâtre documentaire.


Maître Karim la perdrix est une pièce qui suit le parcours d’un sans-papier en centre de rétention. Et c’est une pièce que je n’aurais jamais pu écrire sans le témoignage principal à partir duquel j’ai travaillé, et sans les gens que j’ai pu rencontrer au moment de ce travail. Tous ces gens sont des anonymes, dans le sens où ils.elles me demandaient de ne pas les identifier. Mais c’est avec tous ces gens que j’ai écrit la pièce, c’est de tous ces gens que parle la pièce, et c’est à tous ces gens que la pièce donne la parole. » Martin Bellemare


imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.