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Couverture de Les Règles du savoir-vivre dans la société moderne

Les Règles du savoir-vivre dans la société moderne

de Jean-Luc Lagarce


Les Règles du savoir-vivre dans la société moderne : « Les fiançailles » p.22-23

Dans ce long monologue écrit pour le théâtre, Jean-Luc Lagarce fait parler une Dame de la bourgeoisie qui se propose d’édicter les règles du savoir-vivre en société. Il s’agit de la réécriture d’un authentique manuel publié à la fin du 19ème siècle. Ironique, décalé, le texte de Lagarce joue sur les us et les coutumes pour mieux s’en moquer.


La fête des fiançailles se passe en famille, dans une intimité rigoureuse. Les amis de la veille, ce qu’on appelle les connaissances, n’y assistent pas. On n’expose pas le bonheur ingénu de la jeune fille, ses joies rougissantes, aux yeux et commentaires, car commentaires à craindre, on n’en saurait douter, aux yeux et commentaires des indifférents et des cyniques.


Le fiancé envoie son premier bouquet le jour des fiançailles. Ce bouquet est composé de fleurs blanches, parmi celles que préfère la fiancée dans cette couleur. Elle est ravie de cette coïncidence de bon augure.


Il apporte lui-même la bague. Il a consulté discrètement pour savoir quelle est la pierre favorite de la jeune fille, car il ne doit pas acheter cet anneau au hasard. Il y a des fiancées qui ont peur des perles, parce qu’elles s’imaginent qu’elles présagent des larmes. C’est crétin, mais on ne peut commencer dès le jour des fiançailles à le dire.


Quelle qu’elle soit, de toute manière, la bague doit être bien accueillie, c’est le moins qu’on puisse espérer. La jeune fille s’émerveille et s’exclame :
« Ah… »


La bague est glissée au doigt de la jeune fille (au quatrième de la main gauche) par le fiancé, qui arrivera avant tous les autres invités. Il est autorisé pour la première fois à porter à ses lèvres cette main qui vient de recevoir son anneau, symbole d’engagement qu’on ne peut déjà plus rompre que pour des motifs très graves, c’est une chose qu’il ne faut pas ignorer.


Le fiancé vient accompagné de son père et de sa mère ; à leur défaut, morts, toujours la même histoire, de son frère aîné, du chef de sa maison, son parrain, etc. Je ne sais pas, n’importe qui.


Au dîner – qui est indispensable – les fiancés sont placés à côté l’un de l’autre, au milieu de la table, au milieu du plan de la table.
Ils sont traités comme les héros du jour car ils le sont. Ils ont en face d’eux le père et la mère de la jeune fille, le père du fiancé est auprès de la maîtresse de la maison, la mère de la jeune fille, si on a bien voulu suivre, sa mère auprès du maître de la maison , le père de la fiancée, je n’insiste pas, c’est clair.


Les personnes qui ont négocié le mariage – parce que tout de même, bien de négociations et rien d’autre qu’il fut question – les ambassadeurs, appelons-les ainsi si le mot négociateurs choque – les ambassadeurs du jeune homme sont aux côtés des fiancés,...


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