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Couverture de Le Brasier

Le Brasier

de David Paquet


Le Brasier : Lettre aux élèves et aux professeurs

par David Paquet

Accompagnement du Prix Sony Labou Tansi 2018.

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De l'étincelle aux flammes
- La genèse du Brasier -



Vous qui lirez le Brasier,


Dans le dernier mois, j’ai passé du temps avec un dentiste à la tête momifiée, un garçon qui a une telle mauvaise haleine qu’il fait fondre les plantes et une maman sans le sous contrainte de payer les frais médicaux de son fils par versements manuels. C’est un des aspects les plus particuliers de mon métier : une grande partie de mes journées est consacrée à des êtres fictifs.


C’est dire que lorsqu’on m’annonce que ma pièce Le Brasier sera lue par des centaines de lycéennes et lycéens à travers la francophonie, je suis ravi. Ravi de savoir que ce temps passé avec des êtres imaginaires réussit à s’incarner dans le réel et à se frayer un chemin jusqu'à vous.


La première version du Brasier date de 2009. À l’époque, je voulais créer une comédie noire qui empruntait aux codes de la tragédie grecque. J’étais interpelé par la notion de fatum et de malédiction : que faire lorsque l’hérédité se présente à nous comme une condamnation ? Toutefois, plutôt que de donner la parole à des héros, j’avais envie de mettre en scène des personnages plus petits que nature. Des destins immenses pour des êtres tout simples. Ma façon, j’imagine, de dire que chaque vie est colossale.


Des années plus tard, alors que je retravaillais le texte en vue d’une future production, j’ai réalisé –comme c’est souvent le cas– qu’un autre projet s’était inséré à travers mes intentions de création. La malédiction qui plane sur Le Brasier, ce n’était pas la volonté assassine d’un poupon, ni même les fantasmes tordus d’une femme seule. La réelle tragédie de la pièce, c’était de donner à voir des existences qui, incapables de se lier les unes aux autres, sont destinées à demeures orphelines.


Cette incapacité à se reconnaître toutes et tous unis me semble plus exacerbée que jamais. En ce sens, je suis fort heureux –tout occupé que j’étais à accompagner mes pièces Porc-épic, 2h14 et Appels Entrants Illimités dans leurs surprenants parcours– d’avoir attendu avant d’offrir Le Brasier. Sa résonnance, il me semble, n’en sera que plus actuelle.


Partout, le sentiment d’appartenir à la famille humaine s’effrite. Se croire coupé des autres –qu’importe l’autre– c’est devenir myope. Et lorsqu’on ne voit plus, on titube, on tâtonne et l’immobilisme s’installe. Le Brasier, c’est mon désir de craquer une allumette au milieu de cet obscurantisme grandissant. Quitte à y mettre le feu.


Bonne lecture et sincères salutations québécoises,




David Paquet, mai 2017


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