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Couverture de La Nuit est mère du jour

La Nuit est mère du jour

de Lars Norén

Texte original : Natten ar dagens mor traduit par Christophe Perton , Carl Gustaf Bjurström , Lucie Albertini


GEORG ( Lui donne des coups de pied.) Non, non et non.


MARTIN Tu peux me tuer à coups de pied si tu en as envie. Je m'en fous. ( Un silence) De toute façon, tu n'as rien…Rien…tu n'es rien…Tu n'as rien, pas de pschit, pas de distinction, pas d'élégance, pas de tenue, pas d'éducation…rien. Tu n'es qu'un morceau de lard à poil ras qu'il faut lessiver comme un plancher. Tu comprends ? ( Georg le frappe)


ELIN Arrête, Georg. Ça suffit. Arrête maintenant.


DAVID Tu l’as fait retomber droit sur elle, hein ?


MARTIN J'ai fait quoi ?


DAVID Elle est retombée en plein sur maman.


MARTIN Pas du tout. C’est n'importe quoi. La chaise est tombée toute seule. De son propre poids.


DAVID Elle pourrait être morte.


MARTIN Elle est morte depuis longtemps. Vous ne le voyez pas ?
Vous n'avez pas vu ce qu'elle m'a fait à moi ? Elle voulait me faire interner de force…et ça, ça vous l’acceptez !
Trois contre un.


DAVID Sérieusement, elle pourrait être morte.


MARTIN Sérieusement, elle pourrait être morte…Et ce serait de sa faute.


DAVID Elle ne t'a pas touché.


GEORG Maman, qu'est-ce qu'il y a, maman ? Tu pleures ?


MARTIN Elle n'a aucune raison de pleurer. Mais moi si.


GEORG Maman, est-ce que tu veux que je le tue ? ( Un silence)
Dis-moi, tu n'as qu'à le dire. Ce n’est pas un problème.
( Un silence.) Maman, je…


ELIN ( parlant du lustre en cristal) C'était tout ce qui me restait.


MARTIN Et moi, qu’est-ce qui me reste à moi ? Tu peux me le dire ? Qu'est-ce qui me reste ? ( Georg lui donne un coup de pied) Quelqu'un qui me donne des coups de pied… Voilà ce qui me reste… Oh, mon dieu… Je ne peux pas croire que c'est vrai… Je dois rêver. Tout ça est un rêve, un affreux cauchemar.


DAVID Tu sais quelle valeur il avait ?


MARTIN Non et toi, tu le sais ? Connais-tu la valeur de quoi que ce soit ?


DAVID Je sais que toi, tu ne vaux rien.


MARTIN ( Grave) Alors, moi, mon petit David, je vais te dire une chose…écoute-moi car ce que je vais te dire est la vérité, tu es aujourd'hui assez grand pour l’entendre…Ecoute moi bien maintenant…Prends garde à cette femme qui est ta mère… Elle est dangereuse, tu comprends… Il est possible que je boive… C'est possible… Seulement, moi, je ne suis pas un traître… je ne mens pas, moi. Je suis peut-être un mauvais père, mais moi je t'aime…Elle, non…Elle, elle est dure, c'est l'être le plus dur que j’ai jamais rencontré… Ne t'imagine pas qu'elle…Non je n'en dirai pas davantage… ( Un silence) Maintenant je ne dis plus un mot. ( Un silence.) Si je bois, c'est pour devenir sobre. Car elle, elle ne sait que me mépriser.


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