C’est un texte de deuil. C’est le long cri du mal en moi et la douleur existentielle. C’est le chant de la mort reçue et de la mienne entr’aperçue. C’est un texte de la méditation de l’être, un texte expérience. C’est la tentative et la tentation du retour au pays natal. C’est la renaissance impossible. C’est une visitation de soi dans ses premiers choix. Voici le théâtre du poème. C’est un homme et sa peine incompressible. Il nous emmène chez lui, où il n’est plus retourné. Un premier gardien l’interpelle aux portes du jardin, c’est le doux Jésus sur sa croix. Il connaît alors qu’il est un Ulysse, éternel voyageur cosmopolite. Il entre enfin au jardin, met l’ancêtre en terre, s’enfuit sa douleur au ventre dans la montagne, quitte sa vie, disparaît. Et alors, de l’autre côté de la mort, il le voit le pays, ce jardin de son père, la géographie vivante de sa naissance. Dans la maison du bord de l’eau, il peut enfin se visiter enfant lui-même. Il n’a plus qu’à choisir sa mort, être mangé par les poissons entre Porquerolles et Cézanne, et que mon histoire enfin se termine. C’est l’histoire d’un mec avec lui-même. Ce sont des vers de huit et de neuf, des masculins et des féminins qui se cherchent et parfois se trouvent. Ce sont 2250 vers de rappeur pour être dit dans la musique des mots.