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Concertino

de Roland Dubillard


LES DIABLOGUES,
B.B. ou musicologie - extraits


UN : Beethoven. Sourd. Et sourd des deux oreilles.
DEUX : Ouais…
UN : Ouais !
DEUX : Ouais, mais quand même : c’est pas avec ses oreilles qu’il écrivait ? hein ?
UN : Beethoven ?
DEUX : Beethoven.
UN : Non. Je n’ai pas dit ça.
DEUX : Il écrivait comme tout le monde, Beethoven. Avec ses doigts. C’est pas parce qu’il était sourd qu’il ne pouvait pas écrire.
UN : Non.
DEUX : Alors, faut pas dire ça.
UN : Quoi : ça ?
DEUX : Eh bien : ce que vous dites.


Un temps.


UN : Quoi, quoi… Il n’était pas sourd, Beethoven ?
DEUX : Si.
UN : Alors ?
DEUX : Mais c’est pas ça qui l’empêchait d’écrire.
UN : Justement ! C’est ça, qui est extraordinaire !
DEUX : Extraordinaire ! Mais mon pauvre ami, moi qui vous parle, quand il faut que j’écrive, vous savez ce que je fais ?
UN : Non.
DEUX : Je me bouche les oreilles. Pour ne pas entendre les autos – le raffut qu’ils font dans la rue. Avec de la cire, je me les bouche.
UN : Les oreilles ?
DEUX : Les oreilles.
UN : Eh bien ça prouve que vous n’êtes pas Beethoven, voilà tout.
DEUX : Moi ?
UN : Mais oui, vous, parfaitement. Ne faites pas la bête.


Un temps.



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