Béréchit tient à la fois du théâtre et de l'oratio. On n'y trouve donc aucun "rôle" au sens traditionnel du terme.
Choeurs, choryphées et scènes dialoguées s'y entremêlent pour explorer cette fameuse Création qui portait déjà en elle, dit-on, du premier jusqu'au dernier pas du monde.
Ainsi, le texte fourmille de paraboles, de paroles rapportées, d'ergotages inouïs autour du texte de la Genèse, qui ne tentent jamais d'édifier une vérité, de régler un problème. L'intention est toujours de créer du sens. Et non pas dans un discours obscur et abscons dont on oubliera le premier mot en allant faire la vaisselle, mais dans une réelle intention de réinventer le monde et le quotidien. Il faut rêver la vie, et tenter ensuite de réaliser son rêve, disait le poète. D'une certaine manière, interpréter Béréchit, c'est dire le monde comme on voudrait qu'il soit. C'est là du reste la première leçon de la Genèse :
"Car la vie même est un conte
Et nous ne vivons celle
Et seulement celle
Que nous sommes capables de nous raconter".

Jean-Jacques Fdida