« Voilà, l’histoire commence ainsi. Au début, on développe une série TV prime time au sein d’une équipe de scénaristes, nous sommes quatre. Au milieu, je reçois un appel de l’hôpital ophtalmique pour fixer la date d’une opération visant à rectifier mon strabisme divergeant, opération que j’aurais dû faire il y a 30 ans, c’est maintenant. A la fin, je sais que les 38 séquences de l’épisode 1 racontant l’arrivée de Nicolas Banks en Suisse doivent faire 48 minutes destinées à la ménagère fribourgeoise de 45 ans, le samedi soir à 20h. D’abord, moi, je croyais que c’était une blague la ménagère de 45 ans, la cible, mais elle existe vraiment. On écrit pour elle. » Quand Marie Fourquet, auteure et metteure en scène, est engagée avec d’autres scénaristes pour imaginer une série TV en prime time destinée à la ménagère de moins de 50 ans, elle n’imagine pas encore que c’est un spectacle de théâtre qui va naître de cette expérience. Un spectacle comme une échappatoire, une manière de résister à l’univers impitoyable de la télévision et à ses règles qui broie l’essence même des histoires. 38 séquences : c’est le nombre de séquences à atteindre ou à ne pas dépasser par épisode. 38 séquences devient une comédie cruelle où quatre scénaristes tuent par accident une vraie ménagère fribourgeoise de 45 ans. Ce cadavre à dissimuler va les bloquer dans l’écriture du premier épisode de leur série pour finalement les délivrer de la dictature de l’histoire…