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Couverture de 399 secondes

399 secondes

de Fabrice Melquiot


399 secondes : Avant l’âge d’homme

par Fabrice Melquiot

399 secondes : durée de l’éclipse qui a eu lieu l’été dernier ; n’était visible que de certains points du globe. Ce que l’on nomme jeunesse ne dure pas plus longtemps ; il m’a semblé. Dans cet interstice entre « enfance » et « âge d’homme », se jouent des singularités empruntées, s’échafaudent des plans dérobés, s’esquissent des caractères modelés sur d’autres ; on se cherche et on va chercher de quoi dire : moi. Je voulais raconter ce temps d’avant l’âge d’homme, sans tourner le dos à l’Histoire, primitive et contemporaine, l’Histoire qui respire en soi, sans qu’on en reconnaisse toujours le souffle. Et puis l’histoire des autres, de l’Autre. La plupart des personnages de 399 secondes portent en eux l’écho de héros mythologiques ; autour desquels ils enroulent leur propre destinée - lierre et mauvaise herbe. À la fin, chacun devient corps d’un chœur désirant, pantelant, excité autant qu’excédé. Chœur d’enfants enfermés dans des hommes, chœur d’hommes enfermés dans des enfants. Ce qui désigne cette grande nuit adolescente, où homme et enfant se superposent comme lune et soleil au moment de l’éclipse, nuit dans laquelle on rêve de voyage et de sexe, d’idylles et de ruptures, de blessures sans cicatrice ; dans laquelle on s’accable par plaisir. Seuls les cadavres voyagent ; l’ailleurs est un horizon peuplé de fantômes, auquel on vient ajouter sa mue. Ils sont morts, ils vont mourir. La bouche grande ouverte.