La création de Sciences de la vie, une étrange histoire de peau s'inscrit dans le parcours de Serres Chaudes autour des écritures contemporaines mais également dans ce que nous pourrions appelé le 'cycle féministe', démarré avec la création de BLEUE en janvier 2020 et qui se poursuivra jusqu'en 2023 par une nouvelle collaboration avec l'autrice Clémence Weill. À travers ces 3 projets, nous explorons les questions d’identité, de définition de soi, de soumission ou non à différents héritages, au poids des traditions, en particulier pour les femmes. Sciences de la Vie, une étrange histoire de peau sera le trait-d’union entre les deux projets écrit avec Clémence Weill.

Par ailleurs, créer ce nouveau spectacle dès 2021 est une décision motivée par diverses raisons, car la naissance d’un projet est toujours la convergence - plus ou moins concsiente - de plusieurs nécessités.

Il y a d’abord la rencontre avec un texte, et même avec une autrice : Joy Sorman. Son roman Comme une bête avait déjà été le déclencheur de ma précédente création BLEUE, et avec Sciences de la Vie je retrouve son écriture : une langue nerveuse, précise, imagée et très dynamique, qui se révèle être une merveilleuse partition pour actrices ; et une narration entre documentaire et mythologie, entre sciences et sciences occultes.

Il y a ensuite le sujet qui me permet de tirer les fils de l’héritage et de la place des femmes dans nos sociétés : Ninon est l’héritière d’une lignée maudite, elle se débat avec son arbre généalogique et les méandres de son génome, jusqu’à trouver son propre chemin, envers et contre tout, envers et contre sa mère même. Cette histoire d’émancipation me semble être particulièrement importante pour tout le monde, filles et garçons, et nous espérons toucher des publics à partir de 14 ans (collèges, lycées).

Enfin, d’un point de vue formel, Serres Chaudes souhaite créer une forme légère et autonome qui pourra se diffuser plus facilement, tout en maintenant une grande exigence esthétique et une ligne cohérente avec le travail engagé. Car au-delà de la crise sanitaire et des dégâts qu’elle produit déjà sur la diffusion et l’exploitation des spectacles, nous savons l’importance de pouvoir proposer des formes scéniques adaptables. Avec Sciences de la Vie, une étrange histoire de peau, nous voulons être réactifs, rester au travail sur un plan artistique et développer notre mobilité sur le territoire.

Coraline Cauchi