Un théâtre narratif simple, intime et radical

Nouveau Héros est pensé pour être joué en appartement, dans des pièces même très petites, pour une jauge d'entre 4 et 50 spectateurs.

La scénographie est minimale et radicale : une petite table, une chaise, une lampe de bureau et quelques accessoires. Mais ni son, ni musique, ni vidéo.
L'acteur est parfaitement autonome.

Nouveau Héros développe une structure narrative simple (la naissance, la jeunesse, la transformation puis la disparition d'Hercule) qui accompagne le spectateur dans des montagnes russes affectives : le texte alterne scènes humoristiques, saillies poétiques et temps dramatiques. A travers ce bombardement de stimuli contradictoires qui se jouent à cinquante centimètres de ses genoux, le spectateur se confronte intimement aux paradoxes des distributions de rôle masculin / féminin.

Interroger les identités de genre en jouant avec les concepts d'identité

Nouveau Héros est un monologue à plusieurs voix. La pièce fait intervenir une dizaine de personnages qui dialoguent entre eux : Hercule, bien sûr, mais aussi Jupiter, Alcmène, Amphitryon, Mégara, etc. Tous ces personnages sont interprétés par le même acteur, Bertrand Barré ; les scènes de dialogues sont rendues intelligibles par la présence de playmobiles et de poupées que le comédien mobilise.

Un seul acteur, donc, pour une multitude de personnages, rappelant, comme l'écrit la philosophe Judith Butler, que l'identité de genre est une construction, un costume, un rôle singulier et mouvant que chacun s'efforce de tenir.

La multiplicité des rôles tenus par Bertrand Barré alimente un autre plaisir du spectateur, celui-là purement théâtral : celui de voir un acteur acrobate virevolter entre des dizaines d'incarnations opposées. Un plaisir enfantin, redoublé par ces playmobiles et ces poupées qui figurent les personnages - comme un retour vers un âge d'or fictif où la navigation entre les genres redeviendrait possible.