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L'Après-midi d'un Foehn

Phia Ménard ( Conception )


: Note d'intention

L'air, l'impalpable

C'est en répondant à la commande d'une installation sur le thème du "mouvement" pour le Muséum d'Histoire Naturelle de Nantes, que m'est venue l'idée d'une exploration de l'élément air.


Seule, plusieurs soirées durant au milieu de la galerie de l'évolution des espèces, j'étais saisie d'une étrange sensation d'un arrêt sur image fatal. Je mis plusieurs jours à saisir que ce n'était pas d'être entourée de mammifères inanimés parmi les plus sauvages qui me troublait mais l'absence de courant d'air. Afin de pallier à cette absence, j'installais dans la galerie de l'évolution une série de brasseurs d'air silencieux. C'est sous le crissement des pelages qu'est alors née l'idée de travailler sur la question de la transformation par l'air.


L'air, cette matière présente à chaque instant dans notre vie, se glissant entre tous, pénétrant nos pores, s'immisçant au plus profond de nos corps, transportant l'oxygène vital jusqu'à nos cellules : l'air, une matière de la surface terrestre jusqu'à la limite du vide cosmique. Toujours en mouvement, nous le côtoyons sans jamais y prêter attention si ce n'est par sa variation de température, ses mouvements atmosphériques que sont les vents, son absence comme lorsque nous nageons sous l'eau ou lorsqu'il devient une étuve à microbes.


Comme beaucoup d'autres matières, l'air requiert une attention particulière pour accepter son existence. Invisible comme l'est l'imaginaire, c'est de son déplacement qu'elle se fait sentir, dessinant par frottement, s'arrangeant de la géographie pour transformer notre monde en une sphère en perpétuelle transformation.


L'humanité est une longue histoire de la transformation. Chaque jour nous nous transformons, nous nous créons, depuis notre naissance en tentant de contrôler nos vies au gré de nos différents états, de nos humeurs, de la société dans laquelle nous vivons et bien sûr des éléments qui nous environnent. Les saisons et les conditions climatiques influent sur nos activités et nos mouvements.


Un rêve : utiliser son incroyable pouvoir de transformation.


Ma nécessité se porte tout particulièrement sur la question de notre relation à nos transformations et à l'influence de ces matières sur notre quotidien et donc sur l'imaginaire. Je m'intéresse notamment à nos changements d'humeurs liés aux conditions thermiques.


C'est en découvrant le sujet d'une étude menée par l'Université de Munich Ludwig-Maximilians que ce sujet a retenu mon attention. Cette étude porte sur les interactions entre les événements météorologiques du vent « le Foehn » et les comportements humains. Il y est fait constat d'une augmentation de 10% du nombre de suicides et d'accidents lors d'épisodes de foehn en Europe… A bien observer notre quotidien, il apparaît évident que suivant qu'il fasse beau et chaud ou froid et humide, nos comportements sont différents. Les vents tous particulièrement sont influents et nombreuses sont les mythologies populaires qui les associent à diverses affections allant de la migraine à la psychose. A chaque vent, son histoire, à chaque société son vent. Qu'il soit appelé le Sirocco, le Mistral, le vent d'Autan, le vent Yougo, le Santa Ana, rares sont ceux à qui l'on ne prête les pires des influences.


Dans ce questionnement, c'est une nouvelle fois la position de l'être humain aux prises avec les éléments qui m'intéresse. Comme pour «P.P.P.» avec la glace, vouloir manipuler et dompter l'air est un combat que l'on sait perdu d'avance car l'air est invisible et en partie volatil... mais c'est l'utopie d'imaginer une possible victoire de l'homme sur la matière qui nourrit ma curiosité.


J'explore donc les limites de l'usure et de l'impossibilité d'arrêter le mouvement.


Je suis une matière à transformation par l'érosion de l'air, menant un combat ubuesque pour ne pas être domptée par les courants et frôler les ruptures...Je cherche à être propulsée dans l'inconnu, seule avec une caresse de l'air devenant violente.


ACTE 1/ L'APRES-MIDI D'UN FOEHN (Un conte visuel meurtrier ?)


C'est suite aux réactions des enfants et aux retours avisés d'enseignants que nous avons décidé de créer le spectacle "L'après-midi d'un foehn" visible par le jeune public.


Cette forme est un conte visuel pour une interprète / marionnettiste et un vortex léger et quelques accessoires : des sacs plastique, un manteau, des ciseaux, des rouleaux de scotch, un parapluie…


Un vortex artificiel, propulsé par des brasseurs d'air quasi silencieux, donne naissance à un ballet de personnages en plastique orchestré par une manipulatrice.


La manipulatrice se jouant des courants d'air provoque les mouvements des marionnettes sans avoir à les toucher. Les marionnettes semblent à chaque instant plus humaines par la liberté de leurs mouvements, l'air les traversant avec fluidité, tel le flux sanguin. De la manipulation des sacs plastique, de leur évolution et leur transformation se développe un rapport de géniteur à marionnette.


Ces formes hybrides dansent dans l'espace du vortex, répondant à la manipulatrice qui décide de leur évolution, jusqu'à ce qu'elle en perde le contrôle de façon inattendue, et ne provoque une issue fatale au dialogue.


L'Après-midi d'un foehn est une histoire simple d'un être humain capable de donner la vie et de la reprendre en basculant dans la monstruosité. La narration visuelle est celle des contes où la cruauté n'est pas édulcorée, mais est là pour nourrir la réflexion.


Cette pièce destinée au jeune public (âge estimé à partir de 5/6 ans) aura une durée estimée de 30 minutes. Elle prendra comme référence musicale l'œuvre de Claude Debussy remaniée par Ivan Roussel, compositeur des ambiances sonores de tous les spectacles de la compagnie. Elle sera interprétée par la performeuse Cécile Briand, marionnettiste, comédienne, danseuse. Cette artiste collabore pour la première fois avec la compagnie.


Techniquement, six ventilateurs silencieux créent un vortex d'un diamètre de base de 4m. Ce vortex simple, est sans danger pour les enfants Un simple mouvement dans l'espace provoque une traînée qui modifie la direction du vortex. En utilisant des objets tel un parapluie ou un manteau long et lourd, nous créons des dépressions ou des «trous» d'air qui nous permettent de contrôler les trajectoires des marionnettes sans avoir à les toucher…

Phia Menard

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