: Présentation
Note d’intention
«Zattera» : ce mot italien désigne aussi bien le radeau fabriqué avec des bouts de bois, des restes de bateau, que l’embarcation de fortune, qu’utilisent les clandestins, lors de leurs périples, pour rejoindre les côtes italiennes ou espagnoles, que le canot de sauvetage obligatoire, dans tous les bateaux. Si j’ai choisi ce titre, c’est aussi parce que ce mot contient le son : «Terra». Un cri «Terra» que femmes, enfants, hommes jeunes ou vieux, le corps tendu, les yeux exorbités hurlent pour appeler, nommer l’espoir. Une «Terra» pacifique et sereine que la plupart de ces passagers recherchent désespérément. Une «Terra» pour panser les blessures et où tout recommencer à neuf.
De retour d’un voyage dans le Sud de l’Italie et confronté à ces débarquements incessants, il
m’était difficile de rester silencieux et impuissant face à cette déferlante extraordinaire
d’hommes et de femmes en détresse.
La nécessité de m’expliquer à moi-même, d’essayer de comprendre ces événements m’a
poussé à enquêter, à écrire et à proposer ce texte au public.
Il ne s’agira pas de s’apitoyer simplement sur le sort de quelques malheureux, venant des quatre coins les plus meurtris de la planète, mais bien plutôt de suivre comment, dans une situation d’urgence - une embarcation menace de couler avec ses passagers, des inconnus se comportent, s’isolent ou s’entraident. Par quelles nuances psychologiques et quels états d’âme passe une jeune femme de 25 ans ou un homme de 65 ans. Le silence, la solitude mais aussi l’urgence, la peur de la mort, la naissance de la tendresse, de l’amour vont animer ces personnages, métaphore d’une humanité à la dérive.
Alimenté de témoignages réels, réinventés, «Zattera» est un poème scénique imbibé de
suspense qui suivra la destinée de sept passagers, réunis par le hasard de leur infortune.
Leurs vies passées, leurs chants, leurs rêves, leurs illusions vont s’entremêler. Par le drame,
la poésie ou encore l’humour, chacun va se révéler, va tisser des liens qui le propulseront
vers une vie nouvelle.
«Zattera» est aussi une dérive, un voyage dans l’imaginaire de ces quatre femmes et ces
trois hommes où l’angoisse côtoie l’espoir le plus fou.
En accentuant les scènes de tension extrême et en dilatant les instants de suspension, la
mise en scène et la direction d’acteurs s’attacheront à restituer les enjeux véritables de telles
situations.
La vidéo, la musique, le son vont composer une partition parallèle au texte afin de cristalliser
avec la scénographie, la lumière et les costumes une image riche, un spectacle dense qui
implique, qui embarque les spectatrices et les spectateurs dans un voyage, une réflexion,
une émotion.
Entre la recherche d’une certaine authenticité, une nervosité des rapports et l’élan nécessaire de mondes imaginaires, «Zattera» voguera sur un espace scénographique pur, essentiel, qui nous aidera à restituer l’immensité de la mer et l’exiguïté de la petite embarcation.
«Le grand théâtre du monde» (comme écrivait Calderòn de la Barca) se retrouve résumé sur
un tréteau flottant aux prises avec les différents courants de l’histoire : celle privée et celle
avec un grand h.
«Zattera» ou l’apprentissage de l’autre, de sa culture, de ses différences, dans une sorte de
huis clos à ciel ouvert sur la mer et la «Terra».
Cette Terra qui a tant besoin de solidarité, de poésie, d’amour.
Domenico Carli
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