: Note de l'auteur
J'ai d'abord été frappée par l'immensité du paysage qui s'infiltrait, me semblait-il, à l'intérieur des êtres, pour y révéler des territoires insoupçonnés d'une vertigineuse vastitude. La devise du Yukon, « Larger than life », était indéniable. Tout, là-bas, me semblait infiniment plus grand que moi. Le lieu semblait porter en lui-même, un ailleurs. Une promesse. Un point de fuite.
Puis, j'ai imaginé des personnages comme des chercheurs d'or modernes: petite communauté de fortune, toute à sa survivance. Je les ai voulus écorchés, courageux, avides et fulgurants. Quatre solitudes qui se rassemblent, se consolent et s'aiment malgré elles, aux confluents de la vie et de la mort, au beau milieu d'un hiver qui n'en finit pas.
J'ai voulu une langue française, mais avec un rythme près de l'anglais; j'ai aussi voulu des passages narratifs qui serviraient de contrepoids à la rudesse des dialogues et à la pauvreté de la langue des personnages. Je voulais ces envolées poétiques comme des zébrures d'or qui illumineraient une nuit polaire. Comme si le Yukon traversait les personnages et les rendait plus grands qu'eux-mêmes. Comme s'il parlait à travers eux.
Le reste, c'est le corbeau qui me l'a soufflé à l'oreille.
Sarah Berthiaume
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