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Yala

+ d'infos sur le texte de Sara Llorca
mise en scène Sara Llorca

: Note d'intention

Sur les traces de Federico García Lorca, j’ai lu et relu son théâtre, à voix haute, et notamment Jeu et théorie du duende ; j’ai parcouru le Sud de l’Espagne ; j’ai humé l’air de la mer ; j’ai touché les pierres du pays de mes ancêtres ; j’ai retrouvé le chemin perdu, celui du rite, du chant, de la danse et de la poésie. Au hasard de mes errances, j’ai découvert le flamenco ré-inventé par Israel Galván : en initiés, les spectateurs attendent le moment. Ils sont prêts. Ils sont avec lui. Ils le voient. Et lui aussi il les voit. Ils lui laissent le temps de les séduire et de les apprivoiser. Au signal ils se lèvent de leurs sièges. Peu à peu, femmes et hommes se mettent à taper des mains en rythme, à l’encourager. Le feu se propage et bientôt il a gagné toute la salle. De retour devant ma page blanche, je me suis mise à écrire avec la joie éprouvée là-bas. J’ai écrit comme je joue la comédie, comme on crache, pour libérer un souffle, un râle, un rire, sans réfléchir, sans volonté, sans aucune forme de sentimentalité. La forme m’étonne : rien de classique, rien de narratif. C’est plutôt étrange, un rien poétique, un chant d’amour qui se déploie à mesure que je cherche à dire la lutte.


Mon texte est une traversée : comment retrouver l’équilibre après une rupture amoureuse ? J’articule mes dialogues autour de trois figures : La Femme-taureau, Le Visiteur et Le Chœur. La Femme recompose en direct et par fragments une histoire d’amour révolue dont elle peine à se détacher. Elle excite le souvenir. Le Visiteur apparaît alors, tel qu’à l’époque de leur idylle. Elle revoit les étapes successives qui ont mené à la fin. L’histoire d’amour se meut en lutte. Le chœur, complice du public, est une engeance divine. Moqueur et bienveillant, il observe les protagonistes, commente leurs gestes, entre en résonance avec eux.


Je travaille une langue rythmée, proche du rap. J’écris pour les artistes qui seront avec moi sur la scène : DeLaVallet Bidiefono (danseur et chorégraphe), Armel Malonga (chanteur et bassiste), Benoît Lugué (chanteur et bassiste). Je connais notre « son », celui que nous produisons ensemble, au contact les uns des autres, des influences de funk et de rumba congolaise. Nos timbres s’accordent très heureusement, au seuil de la transe. Nos langues se conjuguent naturellement.
J’imagine un espace ouvert et dynamique, proche du concert ou du récital poétique. Sur la scène, il y a très peu d’éléments : un tapis de danse, une toile tendue au lointain, deux basses électriques, un tom-basse, des micros, des amplis. La dramaturgie est fiévreuse : un parcours relais entre les disciplines artistiques, alternance de silences et de développements musicaux, de corps déployés, en prise avec le groove. La structure dramatique repose sur une succession de tableaux. Il n’y a pas d’unité de lieu ni de temps. Un des enjeux de la mise en scène, alliée à la chorégraphie, est le traitement des transitions.


Théâtre, danse, musique : depuis plusieurs années, je construis un langage théâtral entre les lignes, issu des anciens, des classiques, augmenté de mes expériences de la scène rock indé, pétri de mes voyages au Congo, au Liban, au Québec, de rencontres de hasard déterminantes. Le théâtre que je produis est cette synthèse, vouée à faire naître un chant venu d’ailleurs, notre « Yala ».

Sara Llorca

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