Aux Îlets, nous avons la primeur de la nouvelle création de Gérard Watkins, VOIX. Une immersion passionnante dans le monde méconnu, méprisé, des « entendeurs de voix ».

Le théâtre, pour Gérard Watkins, est un lieu où l’on peut concentrer ses efforts sur des choses, sur des histoires que la vitesse et la tonitruance de notre monde ont tendance à recouvrir. Dans VOIX, il s’intéresse à celles et ceux qui entendent des voix qui ne parlent que pour elles et eux, et qui font l’objet à partir du 20e siècle en Occident d’une stigmatisation systématique, d’une médicamentation destinée à faire taire ce qui les habite. Pour donner à ressentir ce qui se joue chez ces personnes habitées par des présences tantôt affectueuses, tantôt malveillantes, VOIX nous plonge dans un groupe de paroles dont les membres refusent le traitement que leur réserve la société. Véronique, incarnée par Valérie Dréville, arrive en cours de séance. Ses voix – un morse, une petite fille et un garçon des bois – sont avec elle. Elles prennent poétiquement forme au plateau grâce aux autres comédiens de la distribution. Pris en charge collectivement, par le théâtre, son combat interne sera-t-il apaisé ? Il sera au moins partagé. Il fera un pas hors de la marginalité, vers une singularité reconnue, voire appréciée.