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Vertige (2001-2021)

mise en scène Guillaume Vincent

: Entretien avec Guillaume Vincent

Qu’est-ce qui a présidé à l’écriture – avec les interprètes – de ce texte Vertige (2001-2021)


Guillaume Vincent . – En avril 2021 je suis venu animer un stage à l’École du Nord. Quand je donne un stage en général, je me laisse du temps pour savoir quel en sera le « sujet ». Je défriche et puis selon ce que je ressens du groupe, des énergies en présence, je choisis de travailler sur une chose plutôt qu’une autre. Là, il y a avait un spectre très large puisque je leur avais demandé en amont d’apprendre des scènes de Feydeau et de lire un texte d’Arne Lygre, deux écritures à l’opposé l’une de l’autre, - du théâtre de Boulevard du XIXe siècle à une pièce très contemporaine venue du nord de l’Europe -, je leur avais aussi demandé de lire Les Vagues de Virginia Woolf, on a aussi fait beaucoup d’improvisations.
On a donc travaillé durant les deux premières semaines à partir de ces quatre axes différents et on a été arrêté par la pandémie. On était en avril 21, je suis retourné chez moi à Uzès, à la radio on évoquait les 20 ans de Loft Story ; à l’époque je n’avais pas la télé et j’étais en train de préparer le concours du TNS à Strasbourg.
Alors j’ai pensé aux étudiants de l’École du Nord que j’allais retrouver, et puis à moi lorsque j’étais à l’école, et je me suis dit que j’allais écrire une pièce à partir de ce qu’on a pu faire en improvisations mais aussi à partir d’expériences que moi j’avais pu vivre, les interroger aussi sur leurs désirs de théâtre, les pièces qu’ils aimeraient jouer, quels comédiens ils voudraient devenir, autant de questions qu’on se pose quand on est dans une école. On s’est donc posé toutes ces questions au travers d’une fiction qu’on a inventée ensemble.
Pour appréhender les 20 ans séparant 2001 de 2021, je leur ai demandé d’interroger des proches ou des gens plus éloignés d’eux sur les événements qui ont traversé ces vingt années. Ils ont donc aussi fait un travail d’interview et de retranscription.
L’identité des personnages de la pièce s’est construite à partir d’eux, de leurs désirs, à partir un peu aussi des personnages de Virginia Woolf et un peu à partir de moi. C’est une sorte de conglomérat, d’agrégation de plusieurs points de lumière différents.
Ici chaque acteur est aussi auteur de son propre personnage ; parfois avec des textes qu’ils ont écrits eux, à la première personne, à partir de choses vécues ou imaginaires.


Que peut-on dire de votre engagement dans l’enseignement ? Quelle est l’importance d’une école de théâtre ? Que génère cette appartenance à un tel groupe ?


Ces trois dernières années, j’ai été amené à donner beaucoup de stages, c’est quelque chose que j’adore faire. Cette pièce a pu s’écrire parce que s’est produit un coup de foudre entre les élèves (devenu acteurs) et moi. On a été soudainement porté par une énergie de travail très rare : on était au diapason. Un alignement de planètes !
Je pense qu’il y a quelque chose de tellement important qui se joue, il faut être à la hauteur de leurs désirs...
Je me souviens quand j’étais moi-même à l’école un intervenant, un prof peut élargir votre horizon...
Parfois ce sont les élèves entre eux qui créent une dynamique et font naître l’exigence.... Il suffit d’une personne pour faire changer votre vision de faire du théâtre. Je me souviens d’un stage quand j’étais élève à Strasbourg avec Krystian Lupa qui m’a bouleversé et a secoué beaucoup de choses dans mon regard de spectateur mais aussi dans ma manière de faire du théâtre.
Et je pense qu’on a besoin, quand on est élève, d’avoir des sortes de chocs, des bouleversements, des coups de foudre... À partir de toutes petites choses qu’on vous dit, tout à coup, le regard change, évolue, se forge. Une école de théâtre dans un théâtre est une chance inouïe. Pour moi, il y a une vraie différence avec une école qui n’est pas dans un théâtre. Être immergé dans ce qui est le quotidien d’un théâtre, les programmations, le fait de voir beaucoup de spectacles est essentiel.
Car une école de théâtre, c’est aussi une école du spectateur.


  • Propos recueillis le 10 janvier 2023
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