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Vacuum

Philippe Saire ( Conception )


: Notes de travail

Dans la série Dispositifs, des structures spatiales ou lumineuses sont au départ des projets. Ces pièces portent une attention tout autant à l’image qu’au mouvement et à la narration. Elles se veulent en cela à la frontière des arts visuels et de la danse.
Le dispositif de Vacuum, qui s’est élaboré progressivement, occupe un espace très restreint : deux néons de 1,2 m flottent hors du sol, l’un au-dessus de l’autre, à l’horizontale. Les deux tubes sont orientés vers le public, générant un aveuglement partiel, rendant l’espace abstrait et créant entre eux deux un trou noir. Ce dispositif offre un procédé où les corps peuvent apparaître et être avalés par le noir. Cette astuce pourrait faire penser à un tour de magie, mais le traitement en est ici tout autre.


INSTALLATION CHORÉGRAPHIQUE


Un cadre étant très littéralement donné par les lumières, le regard du spectateur se retrouve d’office focalisé sur un tableau en constante recomposition. Le jeu de la lumière sur la peau revêt une grande importance, et fonctionne ici comme un pinceau qui révèle ce qu’il touche : les ombres des muscles et des os, ainsi dessinés, rendent la toile mouvante. Aussi, la qualité de lumière spécifique au néon, quand elle affleure les corps, permet toute une gamme de grains et de gris.
Cela a été un des axes de recherche du mouvement que d’arriver à générer un trouble : qu’on en vienne à pouvoir douter de qui bouge, des corps ou de la lumière. Le procédé nécessite un travail d’une grande précision sur les images, le mouvement et le rythme de ces images. Lors des apparitions et des disparitions successives, la finesse de l’émergence de l’image permet d’évoquer le passage d’une perception voilée à une mise au point vers la netteté, la transition de l’image au bas-relief, puis à la sculpture quand le jeu sur la profondeur s’affirme.
À travers ce procédé d’apparence très simple, et sans l’avoir cherché de prime abord, c’est toute une histoire de l’art qui défile : des lumières sur les corps des peintres de la Renaissance, aux procédés de développement photographique, des personnages penchés des voûtes des églises italiennes à l’abstraction des corps de Brancusi, du sfumato à l’hologramme. Une forme de lyrisme émane de la pièce, sans qu’il soit prémédité.
La fragmentation des corps, l’incongruité des postures et du mouvement, leur invraisemblance, voire même parfois leur monstruosité, autant de lectures abstraites du corps qui se construisent sous nos yeux. Et dialoguent avec ce qu’on ne peut pas imaginer de plus concret : notre propre corps de regardant.
La nudité des corps a rarement été autant revêtue qu’elle l’est par la lumière, elle n’a ici rien de choquant, et ne cherche rien d’autre que se jouer plastiquement et glorieusement du néant.
Comme les dispositifs précédents de cette série, c’est l’exploration en situation réelle qui détermine concrètement le contenu, les choix qui se font, et la narration – dans un sens très ouvert – qui peut s’en dégager.
Je travaille à nouveau avec les deux interprètes de NEONS, Philippe Chosson et Pep Garrigues, avec qui nous avons développé une belle complicité artistique. Ils ont de surcroît l’avantage d’avoir des physiques assez similaires, et des corps qui peuvent se confondre aisément, ce qui offre des possibilités riches de trouble.

Philippe Saire

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