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Une des dernières soirées de Carnaval


: Note d'intention

_Une des dernières soirées de carnaval_ n’est pas une des pièces les plus connues de Goldoni. Elle me semble pourtant l’une des plus audacieuses. D’aucuns diraient l’une des plus modernes. Avec l’acuité sociologique qu’on lui connaît, Goldoni pousse jusqu’au bout son désir de rupture avec les archétypes comiques hérités de la commedia dell’arte. Il n’est plus question ici de masques. «Mes caractères sont vrais, simples et agréables, indépendamment du fond de la comédie» écrit-il en préambule de sa pièce. Goldoni rejoint ici les préoccupations dramaturgiques de celui qu’il considérait comme son maître, Molière. C’est la recherche du «naturel», théorisée par Molière dans _L’Impromptu de Versailles_, qui désormais l’emporte. Et il n’est pas étonnant que l’auteur de La Locandiera ait alors pensé trouver un public qui lui serait plus acquis à Paris qu’à Venise. C’est justement Molière qui m’a conduit à Goldoni. Après _Monsieur de Pourceaugnac_, produit par le Théâtre des Bouffes du Nord, j’avais envie en effet de continuer à mettre en scène un groupe, de continuer à interroger les rapports complexes qui régissent toute microsociété. Le théâtre de Goldoni est un théâtre de troupe. Il n’y a pas ici de premiers ou de seconds rôles.Il n’y a que des individus qui tâchent de vivre ensemble. Vivre ensemble : c’est cette histoire passionnante qu’il convient de raconter, rappelant ce faisant à quel point le XVIIIe siècle continue cruellement à nous parler de nous.Je souhaite d’ailleurs monter la pièce en costumes d’époque et travailler sur le répertoire de musiques populaires de cette période, tout en m’attachant à une constante recherche d’un jeu théâtral au plus près des acteurs. Cette dernière soirée de carnaval est pour chacun l’occasion de se retrouver face à lui-même comme face aux autres, d’avouer des sentiments qu’il n’osait dire, de se pâmer, de s’agacer, de rire aussi, et puis de chanter et de danser, car il n’est point de carnaval sans musique. «Allez, la compagnie est réunie !»

Clément Hervieu-Léger

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