Le choix de cette oeuvre d’Eugène Labiche est apparu clairement car je considère La Noce comme une entité-personnage majeure face au marié, et cette Noce, je savais comment la mettre en place grâce au travail que nous avons entrepris depuis 2006 avec l’association La Carrière dans le Pays de Redon, en mettant en jeu de nombreux acteurs et actrices que les participants des cours d’Icare rejoindront pour ce projet. Nous aurons là un cortège étonnant d’enfants, de jeunes gens et d’adultes : quatre générations d’acteurs et donc de personnages au bord de la folie douce poussant sans cesse la fiancée vers son destin de femme à marier.

Une épopée contemporaine

Ce qui entraine ce projet est aussi l’addition d’énergies fortes puisées dans les années originelles de nos désirs de théâtre, (et disons le sans encombre, avec une teinte de nostalgie positive) que sont les années du cinéma italien avec Fellini, Scola et d’autres, et le souvenir des noces anciennes, campagnardes ou non, que nos parents ont vécu et photographié et qui m’ont longtemps intrigué dans leur démesure naturelle.

Aussi les chants de la variété française des années 1965 à 1975 ont empli une partie de nos plaisirs de jeunes personnes et donné une innocente folie enthousiaste à nos projets. Nous dansions et chantions avec Polnareff, Dutronc, Christophe, Stone et Charden … avec Procol Harum et Pink floyd, tout en découvrant tardivement Mozart et Beethoven.
Il nous sera agréable de raconter notre « Chapeau » avec ce même enthousiasme, entouré d’une jeune équipe de comédiens et de quelques solides acteurs rompus à l’exercice de la comédie haute gamme.

En donc en avant la musique…

C’est le groupe Moongaï que j’ai de nouveau sollicité. Ils appartiennent à la toute dernière génération de musiciens qui créent des univers singuliers pour leur propre production et qui savent répondre à des commandes de musique de scène. Ils ont écrit les musiques et arrangements des deux dernières créations que j’ai faites dans la Carrière. Ils ont en charge les musiques du spectacle et en particulier les nombreux chants qui donnent à cet ouvrage ses qualités de comédie et de fête perturbée par la perte d’un chapeau, et qui frôlera la tragédie quand la patience de tous finira par s’éteindre. Nous serons alors proches d’affaires criminelles qu’en d’autres endroits Labiche a déjà traitées. Et une pluie quelque peu mélancolique recouvrira la Noce, dans une rue de Paris : un final de plein air à la nuit tombée qui ne pourra atteindre son but qu’en expirant un dernier chant plein de fatigue magnifique, mais finalement joyeux et réconciliateur.

Eva et Grégoire de Moongaï savent jouer de ces écarts de langage musical et dirigeront aussi le choeur de la Noce.

Christophe Rouxel