Un autre 11 novembre est la septième création de « la Naïve ». Ecrite par l’un des membres de la compagnie, cette pièce est principalement destinée à un public scolaire allant de la 4ème à la terminale.

Que s’est il passé le 11 novembre 1940 ? Ce jour là, un groupe d’étudiants anonymes lance un appel clandestin par tract à tous les lycéens de Paris. Il leur demande de ne pas respecter l'ordre des autorités et de célébrer de toutes les manières possibles le 11 novembre en tant que jour de fête nationale. A partir de cet appel, les lycéens se sont rendus à l'Etoile pour fleurir la tombe du Soldat Inconnu. Les forces allemandes sont intervenues, en tirant des rafales de mitraillettes sur les jeunes et en faisant 1041 arrestations dont 699 lycéens. Quelques années plus tard, le Général de Gaulle dira que ces lycéens ont accompli : "le premier acte de résistance".

Pourquoi un tel sujet sur une scène de théâtre ?

C’est sans doute un des rôles de l’art de travailler sur la mémoire. Le théâtre a le pouvoir d’apporter un contrepoint humain et sensible à une vision souvent trop froide et globale de l’Histoire qu’on nous enseigne à l’école. En focalisant sur des individus le théâtre rappelle que l’Histoire n’est que l’assemblage d’histoires.

Qu'attendez-vous précisément de la part du jeune public ?

Ils sont notre ultime espoir ! Plus sérieusement, en s'adressant à des collégiens et des lycéens ayant exactement l'âge des protagonistes de la pièce, nous souhaitons provoquer en eux une réflexion sur l'importance de connaître l'Histoire pour éviter qu'elle se répète et qu'ils n’aient jamais à choisir un camp. Mais pour répondre plus précisément à votre question, ce dont ce public a besoin, c'est d'être pris dans une histoire, d'être ému, de réaliser qu’en 40 les gens savaient rire et pleurer exactement comme eux aujourd’hui.

En quoi ce texte est-il adapté à la jeunesse ?

Le texte se base sur trois éléments fondamentaux. Un langage contemporain qui donne à l'action une illusion de présent. Un narrateur en lien direct avec le public qui recentre sans cesse l'histoire dans l'Histoire faisant un pont entre la fiction et la réalité. Et enfin, l'alternance régulière entre les scènes comiques, qui décrivent des actes de résistance loufoques et imaginaires, et les véritables lettres de jeunes condamnés à mort écrites à leurs proches quelques heures avant leur exécution. Cette opposition provoque une véritable douche froide émotionnelle qui accompagne le public vers une prise de conscience "affective".

Les personnages de la pièce sont-ils historiques ?

Non! C’est là où les plus jeunes ont du mal à comprendre. L’histoire de la pièce n’est qu’une fiction. Les personnages sont entièrement imaginaires. En revanche les lettres sont réelles, elles ont été écrites par Lucien LEGROS, Margueritte BERVOETS et Henry FERTET. De plus les visages de ces trois héros de la résistance sont dévoilés dans le spectacle. Mais j’insiste, toute la pièce est une fiction ! C’est grâce à ce prétexte que nous nous permettons quelques approximations sur l’Histoire. Mais je vous laisse les trouver en voyant le spectacle.

Vous ne cherchez pas le réalisme ?

L'école est là pour enseigner la réalité. Le théâtre pour la sublimer. Ce décalage est un élément fondamental du travail de la compagnie La Naïve quel que soit le sujet à traiter. Cette année encore ce sera notre credo !