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Une Fête Prologue

mise en scène Elisabeth Hölzle

: Présentation

L’équipe du Centre dramatique de La Courneuve, par la voix de Maria Gomez, directrice et comédienne, me propose de créer un spectacle à l’occasion des 40 ans de la compagnie. Rêver un projet à partir de la troupe, de son histoire. En amont des répétitions je me lance dans une sorte d’enquête, je questionne les acteurs et récolte auprès de chacun : anecdotes individuelles, histoires d’hier et désirs d’aujourd’hui. J’agence, je tente d’organiser ces morceaux de textes que je recueille au fur et à mesure, je combine, compose avec les divers matériaux. Je coupe, je colle, je mets de côté, je modifie certains passages, j’en écris d’autres… La pièce qui se dessine se compose de plusieurs fragments, de plusieurs motifs qui parfois se heurtent. Je décide de préserver cette sorte de patchwork qui loin de tracer une logique narrative constitue plutôt un tourbillon d’impressions, d’évocations et de fantaisies théâtrales.


La fable


Si le texte témoigne d’une aventure et d’une mémoire commune, il ne s’agit en aucun cas de commémorer ou d’être emprunt de nostalgie. « Revenir en arrière » n’a de sens que si la parole s’ancre avant tout dans un désir présent, une dynamique d’aujourd’hui. L’objet imaginé n’est pas là pour expliquer, ni pour « restituer » mais plutôt pour exprimer dans le désordre d’une joie festive, le désir d’être là, ici et maintenant. « Ils gonflent des ballons, fabriquent des pompons, lancent des confettis, préparent un gâteau, ils se “déguisent”, s’offrent des cadeaux, font des voeux… »
Le cadre est posé : on fête un anniversaire, on s’active pour les préparatifs. Tous s’affairent, rangent, arrangent, oeuvrent pour que la fête se passe au mieux. Mais c’est aussi l’occasion de laisser surgir les rêveries, de créer des jeux au plateau, de proposer des « fantaisies », des surprises, d’inventer des petites fictions… Une excitation commune les projette dans un univers enfantin où ils sont un peu « hors d’eux-mêmes », ils ne se prennent pas au sérieux, les idées, les pensées fantasques sont à l’ordre du jour et dans une entente tacite, unanime, ils passent du coq à l’âne, avec entrain, sans sourciller.
C’est dans ce climat tous azimuts, que surgit ça et là l’histoire de la compagnie. Dans une forme chorale, un inventaire des créations de la troupe ponctue la pièce : fusent alors des anecdotes liées aux spectacles, aux tournées… Des compagnons de route sont évoqués… Des lieux… Des drôleries…
Les acteurs chantent aussi des chansons, partagent des poèmes, évoquent des peintres aimés, des musiques… des paysages qui leur sont chers… : une façon de se présenter- de se re-présenter à l’autre, aux autres…
Donner à voir la troupe, mais aussi mettre en avant les personnalités, les univers, les différences…


Un faux réalisme


Les acteurs s’appellent par leurs vrais prénoms, ils sont « eux » mais cette forme de réel est décalée par la situation elle-même. Le contexte est extra-ordinaire… Ce rendez-vous est un prétexte pour jouer, encore et toujours : chacun est soi mais ne cesse d’être insensiblement un autre. Des élans furtifs, passagers, transfigurent les individus, les déplacent, les emmènent dans une sorte de ballet incessant de jeux de masques, moins pour se cacher que pour jouer à être un autre, pour le plaisir. Chacun est aux aguets, à l’affût des surprises, des bêtises, des micro fictions…
Il n’y a donc pas de « personnages » à proprement parler. La compagnie -curieuse des autres- a toujours souhaité accueillir d’autres personnes, a toujours éprouvé le désir de provoquer des rencontres. Les deux acteurs invités pour l’occasion, Myriam Derbal et Rainer Sievert s’amusent à endosser le rôle d’anges gardiens. Leur présence fait écho à tous ces compagnons de route, tous ces comédiens « invités » dans l’histoire de la troupe.
Ces « bienfaiteurs » maladroits, un peu clownesques surgissent de manière inexpliquée pour célébrer à leur façon cet évènement qui ne les concerne pas directement mais qui les ravit tout autant. Le caractère fantasque de la pièce s’accroît à leur arrivée. Un virage est pris : l’histoire s’inscrit alors dans un univers qui exclut toute forme de réalisme, ou de vraisemblance. On plonge dans une fable… On entre dans un imaginaire où les repères se brouillent. Le temps est comme suspendu. Est-ce que ce sont les préparatifs d’une fête ? Est-ce déjà la fête ? Ne serait-ce pas plutôt les répétitions d’un spectacle à venir ? Où sont les invités ? Ne sont-ils pas déjà là?

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