"Où il est question de nappes et de sources..."

Chaque création scénique, me semble-t-il, tire sa légitimité des lignes de force autour desquelles elle se structure et se donne en partage.

Pour un auteur, il est toujours rassurant de sentir à quel point un metteur en scène construit ces lignes de force non pas en fonction d'un savoir-faire, d'un caprice, d'une mode ou d'une posture, mais véritablement en ayant plongé aux nappes phréatiques même qui irriguent l'écriture de la pièce : c'est à dire que le metteur en scène, dans sa transposition scénique, remonte le courant du texte, le flot de l'écriture, tel un saumon, et opère un retour aux sources où frayer avec ses propres enjeux artistiques.

C'est ce mouvement, je crois (pour connaître Sabine Pernette depuis quelques années, pour avoir vu telle ou telle de ses créations, mais plus encore pour avoir assisté à des premières séances de travail de son équipe autour de Tobie), qui guide le travail de cette metteure en scène : quelques axes dramaturgiques affirmés, comme la frontière, le passage, le double ; quelques notions fortes comme le souffle (des corps et de l'accordéon), la jeunesse (des corps actants opposés aux marionnettes), le contact (des peaux et des tissus) ; l'importance laissée aux langages de la lumière, du geste et de la musique ; la cohérence avec laquelle elle a constitué son équipe de création, au regard de ces bornes, de ces amers... : tout cela m'a convaincu de la justesse de son approche, et justifie ma confiance totale dans son parcours de travail jusqu'à la création.

Bonne route à toute l'équipe.

Laurent Contamin