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Titanica

mise en scène Claude Duparfait

: Des Bruits et de la fureur…

« Ne trouvez-vous pas qu’il fait plus noir tout à coup ? »
Isadora, séquence 20


Dans l’univers de Sébastien Harrisson, les hauts dignitaires laissent échapper malgré eux des aveux érotiques au beau milieu de leur discours officiel, tout en refoulant loin de leur pays des maux qu’ils disent innommables… Tandis que des rois impurs, assoiffés de vengeance, resurgissent du passé sous la forme de fantômes, et fomentent des attentats en faisant alliance avec de jeunes révolutionnaires américains venus chercher en Europe un combat de justice. L’ordre du monde s’inverse. La marche du monde est celle du chaos. L’avenir est sombre, plein de fureur. Mais le présent ne démissionne pas.


L’écriture généreuse et foisonnante de Harrisson ne craint pas de se perdre dans les méandres de sa propre fiction, au risque de brouiller les pistes. Harrisson pose la question de la transgression dans le corps social en mêlant le politique et le sexuel, les amours contre nature et les troubles contre nature. Il s’interroge sur l’injustice mondiale, et sur le sens de l’œuvre d’art. Sur le passage des générations, et la nécessaire transmission de l’Histoire... Ainsi, parfois, la pièce prend des allures de véritable kaléidoscope, de labyrinthe « affolé ». Mais toujours, Harrisson ne cesse de réécrire ce mot : combat.


La nécessité du combat.


Comment agir ? comment être actif au monde ? comment s’inscrire dans l’Histoire ? Comment transmettre, ou comment défendre ensemble des principes de base d’une vie en société, qui aujourd’hui semblent remis en cause avec arrogance et mépris ?


Titanica : pièce à résonance marxiste ?


L’originalité et la complexité de Titanica — plus que de revenir sur le seul combat des années 70 et sur ses utopies, comme l’indique en clin d’oeil le sous titre de l’œuvre — résident dans sa volonté de faire se télescoper en permanence des paroles intimes à la grande Histoire (d’où parfois, le ton du documentaire…) : l’époque des années 68, mais aussi celle, plus lointaine, du règne convulsif et tragique d’Edward II, à travers lesquelles viennent s’entremêler notre désarroi et notre pessimisme contemporain…Une sorte de déflagration des Histoires. Un Big Bang.


Dans cette multiplicité des styles, la fiction qui se déploie, non sans humour, prend bientôt des allures d’épopée tragique : des êtres de chair et de sang que tout sépare, vont se retrouver plongés au même instant, dans un moment d’Histoire « anormal » et démesuré, sans paroles communes. C’est à cet endroit sans doute, que l’œuvre est la plus inquiétante et la plus passionnante.


Quand j’ai découvert la pièce au comité de lecture du Théâtre National de Strasbourg, je fus saisi par l’épilogue, la séquence XXX, où Jimmy, le jeune américain révolutionnaire, se retrouve seul avec une caméra en main. De quel côté est-elle tournée ?...
Harrisson fait tomber le rideau, puis inscrit : « Montréal, septembre1997- Boston août 2001. »


Quelques jours seulement avant le chaos de septembre…



Claude Duparfait
au cours des répétitions, août 2004

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