theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Tailleur pour dames »

Tailleur pour dames

+ d'infos sur le texte de Georges Feydeau
mise en scène Cécile Rist

: Note d'intention

C'est une extrême vitalité qui se dégage de Tailleur pour dames.
Monter cette pièce aujourd'hui, c'est pour nous affirmer à nouveau la nécessité d'un théâtre qui divertisse, qui assume sa part « impure » ou brute. Feydeau expose sa folie pour l'exorciser par le rire. Rions donc ! De toutes les couleurs… Le spectateur jubile à voir ces marionnettes bien humaines, si proches de nous, s'affairer dans une chorégraphie un peu cruelle, au travers de laquelle Feydeau dessine une critique profonde : celle d'une société qui vise au contrôle de l'individu à travers la surveillance et la manipulation de ses désirs, à leur domestication et à leur usage sage et bien rangé dans la boîte qui nous est assignée.



Famille, amour, intimité, féminisme
Feydeau a eu une vie de couple et de famille effroyable ! Il a bâti son oeuvre autour de femmes et d'hommes blessés par la crudité du réel, galvanisés par l'espoir d'une improbable survie. Et cet espoir leur fait commettre des actes d'une fantaisie inouïe !
Les femmes amoureuses - la jeune épouse de Moulineaux ou Madame Aubin - ont du mal à faire face, à trouver comment réagir ou combattre leurs maris respectifs car elles aiment. C'est l'élément de base : l'amour est au coeur de l'engrenage. Autrement, c'est froid, et beaucoup moins drôle.
Le comique chez Feydeau est chaud, brûlant ! Parce que l'intimité est selon moi un composant essentiel de sa mécanique. Ainsi Yvonne ( la femme de Moulineaux ) aime son époux, c'est pourquoi elle ne le plaque pas d'office ! Si on traite son personnage comme une acariâtre, le comique ne fonctionne plus et l'ensemble apparaît comme une farce misogyne alors qu'au contraire, les femmes y prennent quelques belles revanches.
Chez Feydeau, la vie de couple est une prison dont les protagonistes masculins ne cessent de chercher à s'évader, souvent pour revenir la queue entre les jambes lorsque la menace d'une rupture se déclare. Madame Aigreville (la belle-mère) prend corps et âme la défense de sa fille comme une revanche personnelle sur la gent masculine, et en devient enragée et déterminée. Quelque fut sa propre expérience de jeune épouse, elle ne veut pas que sa fille traverse la même tourmente qu'elle. Tailleur pour dames, c'est aussi un combat pour l'égalité femme/homme devant le désir.
Feydeau me semble avoir trouvé une voie d'accès à la fois joyeuse et vivace à certains ressorts dramatiques ou comiques. Et il appartient désormais à ma « bibliothèque personnelle » au même titre que David Lynch dont il n'est étonnamment pas si éloigné en termes de cruauté et de bizarrerie !
En chacun de nous sommeille le désir d'aventure, le désir d'amour ou du jeu de l'amour, le désir de séduction, le désir du ravissement, de l'abandon et de la perte, le désir d'insouciance… : le désir tout court : « Je veux ce que je n'ai pas... » comme un enfant que je reste. Morale, conventions, apparences, contrat social ou relationnel… rien n'y fait.
Que faire face au désir ?

Cécile Rist

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.