Qu’est-ce qui vous intéresse dans ce texte ?

Supermarket est une pièce de théâtre extrêmement actuelle. Ce texte nous renvoie à notre réalité quotidienne, le supermarché. Lieu où tout s’achète et où l’on croise toutes les couches de la société sans distinction.
Cette pièce révèle une société d’après la chute du Mur. Aujourd’hui on fête les vingt ans de cette chute, dans une Europe réunifiée et où les gens, assoiffés de liberté, se sont jetés dans la surconsommation et le bonheur accessible.
Mon intérêt ici est de montrer la perte de repères idéologiques stables, qu’on pouvait soit combattre, soit défendre. Cette perte a laissé la place à un énorme vide par la surconsommation sexuelle et le mensonge.
Dans Supermarket les personnages réagissent à leurs pulsions, à leurs désirs, à leurs subconscients souvent opaques et sont absents à eux-mêmes.

Comment inscrivez-vous Supermarket dans l’ensemble de votre parcours artistique ?

La mise en scène emboîtera le pas de cette immédiateté comportementaliste en évitant toute tentation « psychologisante », elle s’emploiera à concrétiser ces pulsions dans l’immédiat de leurs apparitions. Supermarket ne se contente pas de faire une peinture cynique de la société. Ce texte propose très clairement, à travers le personnage de « Gamin » qui se prostitue, un cas extrême, qui force la réaction. Dans la pièce, les adultes qui l’entourent semblent avoir abdiqué.

Quelle est l’oeuvre (film, arts plastiques, livre…) qui vous a récemment marqué et pourquoi ?

Le film Le lecteur (The Reader de Stephen Daldry).
Ce drame est tiré du best-seller de Bernard Schlink (livre que j’ai lu avant de voir le film). L’histoire se déroule à la fin des années 50, juste avant la construction du Mur. C’est l’histoire d’une femme qui s’est efforcée de dissimuler son passé (…), mais, démasquée, doit affronter un procès (…) pour crimes de guerre. Un sujet de tous les dangers. Un sujet dans plusieurs sens et un sujet assujetti à la Société et à son histoire. (…)