: Notes d’intentions
Note 1
Il y a quatre ans, alors que je travaillais sur l’une de mes cartographies, j’ai découvert le livre de Jared Diamond, Collapse
(sous-titre : How Societies Choose to Fail or Survive). Ce livre propose un voyage dans le temps et l’espace pour analyser
différents types de développement adoptés par les sociétés. Ces développements résultent de choix, conscients et non
conscients, que les sociétés ont dû faire pour composer avec les différents facteurs qui pouvaient agir sur leur
développement précisément, et in fine sur la pérennité de leur existence, dans les conditions qui étaient les leurs. À
chaque fois, Jared Diamond montre combien la survie ou la disparition d’une société dépend de sa capacité à répondre aux
défis que posent ces facteurs :
- comment se développer en tenant compte de l’empreinte environnementale de toute activité humaine, et des
conséquences qui naissent de cette pression de l’humanité sur une partie du globe terrestre ?
- comment adapter son développement en fonction des changements inévitables des cycles naturels, y compris ceux
d’origine non-anthropique ?
- comment composer avec ces voisins ? Dans quel rapport à l’autre le développement de chacune des sociétés peut-il se
faire? Faut-il détruire, faire la guerre, (se) soumettre, apprendre, échanger ?
- comment construire son développement ? Dans une dépendance avec des partenaires commerciaux? En cherchant une
auto-suffisance et une adaptation des besoins aux possibilités internes de chaque société ?
- quelles sont les valeurs qui président à l’organisation interne de chaque société ? Comment les champs de forces
politiques, économiques, sociétaux qui gouvernent les individus dans chaque société peuvent faire blocage?
La complexité des facteurs qui entrent en jeu montre combien la réponse des sociétés ne fut parfois pas évidente, et que certaines d’entre elles ont fait de mauvais choix et ont disparu, tandis que d’autres ont assuré leur survie. Les disparitions des sociétés sont toujours une énigme. Comment des hommes n’ont-ils pas réussi à enclencher un processus vertueux qui leur aurait permis d’éviter de disparaître ? Quels ont été leurs blocages ?
Note 2
Le spectacle que je propose met en scène la question de l’ours blanc. Cette espèce est-elle réellement en danger ? Si c’est
le cas, faut-il la protéger ? Quelles sont les possibilités de l’humanité face à cette disparition annoncée ?
Note 3
Je vais utiliser le plateau comme un espace de questionnement et d’hypothèses (comme je le fais dans les cartographies).
Il y sera question d’histoire et de futur. De réalité et de fiction. D’hypothèses et d’expérimentations à partir d’un cas
concret.
Et de comment le théâtre peut questionner le monde comme il va.
Note 4
Ce spectacle est conçu pour s’adresser à un jeune public à partir de 7 ans.
C’est à dire que le contenu et la forme du spectacle se construiront à partir du regard possible d’un spectateur de 7 ans.
Note 5
Les acteurs utiliseront le plateau pour proposer des hypothèses qu’ils tenteront de suivre, de mettre en pratique, en
situation et en jeu. Ils expérimenteront au plateau ce qui est en train de se passer sur le territoire des ours. La manière
d’avancer empruntera autant à l’exercice d’une sorte de logique argumentée et étayée qu’à une très aléatoire et souvent
inattendue mise en pratique des faits, des actions et des relations. Tout ceci produira des écarts où l’absurde, l’humour et
l’onirisme pourront se déployer.
Note 6
Les acteurs raconteront cette quête de la vérité en utilisant la forme d’une conférence.
La scénographie du spectacle sera ainsi la scénographie d’une conférence. Il y aura notamment un écran avec des
projections : dessins, photos, tableaux, images, flèches, schémas… produisant ensemble un discours et une progression. Il y
aura aussi une aire de conférence, une représentation expérimentale d’un territoire, des entrées et des sorties d’aires.
Note 7
Les acteurs-conférenciers joueront alternativement plusieurs personnages (humains et animaux) réels et fictifs: ours,
manchots, scientifiques, conférenciers, cosmonautes, navigateurs… Ils « joueront-illustreront » aussi des objets et des sensations comme le chaud, le froid, la glace, ainsi que des sentiments comme la peur ou l’incompréhension.
Le travail sur le corps et le mouvement sera donc important.
Note 8
Les acteurs auront parfois des difficultés à se comprendre en tant que conférenciers.
La difficulté à y voir clair dans l’énigme à résoudre rejoindra ainsi la difficulté à faire conférence ensemble et à avancer
ensemble dans l’enquête. C’est à dire qu’ici, le fond et la forme se nourriront en permanence, et les blocages des
personnages de l’énigme renverront en permanence aux blocages des conférenciers.
Les conférenciers seront donc ainsi comme des clowns, acteurs-observateurs maladroits en prises avec des obstacles de
toutes sortes.
Note 9
Ce spectacle jeune public s’inscrira artistiquement dans une sorte de dialogue avec le spectacle « Mauvais Temps » que
j’avais créé en 2005. Cela pourrait en être un prolongement, un écart, une déclinaison jeune public, une manière de revenir
encore à nouveau à cette « conférence à plusieurs » qui m’obsède toujours, tant elle offre de possibilités vertigineuses de
questionnement de la réalité, de la fiction, des liens qu’elles entretiennent l’une avec l’autre, du passage entre elles, et de
la narration de ces « réalité et fiction ».
Où est le vrai ? Où est le faux ? Comment démêler les fils ?
Extrait de Mauvais Temps :
http://www.dailymotion.com/fr/relevance/search/frederic+ferrer+mauvais+temps/1#video=xa786j
Note 10
Il y aura dans le spectacle plein de dessins et de mises en jeu de situations à énigme.
Frédéric Ferrer
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