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Si tu t'en vas

+ d'infos sur le texte de Kelly Rivière
mise en scène Philippe Baronnet

: Présentation

RÉSUMÉ Une salle de classe dans un lycée, un soir de semaine, entre chien et loup. Nathan, élève de terminale, rend visite une dernière fois à Madame Ogier, sa professeure principale, avant de quitter définitivement le lycée. Nathan souhaite se lancer dans les affaires, la revente de sneakers sur Internet, un business florissant qu’il mène déjà depuis quelque temps et qui s’avère plutôt payant : il gagne presque autant que son père agriculteur, sans avoir à se tuer à la tâche. Nathan veut réussir vite et fort, tel Elon Musk, son modèle. Au fil d’un dialogue nerveux mais non sans humour, l’enseignante tente de retenir son élève. Entre provocations et confidences, le combat se fait âpre, et finalement intime. Plus que jamais, la notion de travail, d’apprentissage et le rôle de l’école semblent poser question.


NOTE D’INTENTION En travaillant avec Kelly Rivière sur la traduction de Mort d'un commis voyageur, j'ai eu envie de lui commander un texte court, qui ferait écho à la pièce de Miller et traiterait des relations conflictuelles entre parents et enfants. Plus que jamais, des fossés se creusent entre les générations, la communication est intermittente, l'incompréhension domine, mais le besoin de confronter ses aînés, d'apprendre d'eux et d'être reconnu reste une étape essentielle dans la construction de soi. J’ai le désir de parler de la jeunesse d'aujourd'hui, de questionner les rapports qu'elle entretient ou non avec les adultes qui l'entourent : les parents mais aussi, et cette fois-ci surtout, les enseignants. Dans ce huis clos, imaginé pour la salle de classe, Nathan confie à MmeOgier, sa professeure, son projet secret de quitter le lycée, de fuir la maison, son père et d’aller faire fructifier ses affaires à l’étranger. Son business est sérieux, il connaît son produit – les sneakers –, il maîtrise les outils de vente, l’univers numérique et gagne déjà plus d’argent que ses proches. Alors, pourquoi rester ? À quoi peuvent bien servir les cours et les conseils, dispensés par des adultes qui méconnaissent et méprisent son travail ? Durant une heure, à la tombée du jour, l’enseignante va tenter par tous les moyens de dissuader Nathan. Pourquoi quitter un chemin « classique » et s’engager dans un projet aussi radical sur un coup de tête ? Que cherche-t-il à prouver en coupant si violemment tous les liens affectifs? Imman- quablement, chaque tentative renvoie à des questions morales et vient chatouiller les positions complexes de professeurs et d'élèves dans une situation profonde et finalement, intime. Dans cette pièce d’affrontement qui saisit brillamment les contradictions de nos sociétés contemporaines, le capitalisme apparaît comme un horizon indépassable. Entre les angoisses de la crise écologique et la recherche d'un avenir radieux, l'argent semble être le seul ressort possible pour s'en sortir et exister. Et après tout, pourquoi pas ? Si la fin est proche alors autant en profiter. L’intelligence et le cynisme de Nathan bousculent la jeune femme et déplacent délicatement le propos de la pièce vers la figure de l’enseignant. Sur fond de wokisme et d’effondrement des valeurs « traditionnelles », c’est aussi elle qui hurle, entre les chiens et les loups, désespérément en quête de sens, dans une institution – l’Éducation nationale – qui semble au bord de la rupture. Avec ce texte commandé à Kelly Rivière, nous affirmons encore une fois notre désir de monter des auteurs d’aujourd’hui, alertes, et joyeux à l'idée de partager avec la jeunesse. Je poursuis également le travail sur des dispositifs scéniques épurés – pouvant jouer au théâtre mais aussi en dehors – dans une grande proximité avec les spectateurs, faisant la part belle aux acteurs et aux mouvements intérieurs. Au fil d’un dialogue argumenté, nerveux, caustique et parfois violent, les brèches s’ouvrent chez l’un puis chez l’autre, les désirs enfouis refont surface et la fragilité des personnages se révèle comme point d’incandescence, véritable sujet de la représentation. Encore une fois, l’incarnation et la liberté des acteurs seront au centre du projet, le texte de Kelly Rivière offre pour cela une partition riche où humour et blessures coexistent magnifiquement dans chacun des protagonistes. Enfin, après de nombreuses années à travailler et faire du théâtre en milieu scolaire, cette commande d’écriture sonne également comme un hommage aux enseignants, à ces femmes et ces hommes, souvent caricaturés, mais dont l’enthousiasme et la détermination continuent de me bouleverser.

Philippe Baronnet, février 2023

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