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Sganarelle ou la Représentation imaginaire

mise en scène Catherine Riboli

: Sganarelle ou le Cocu imaginaire de Molière

A-t-on mieux cru jamais être cocu que moi ?
Vous voyez qu’en ce fait la plus forte apparence
Peut jeter dans l’esprit une fausse créance.
De cet exemple-ci ressouvenez-vous bien
Et quand vous verriez tout, ne croyez jamais rien.


Au coeur de la représentation, une comédie de Molière en un acte, sa première comédie en vers. Sganarelle ou le Cocu imaginaire fut créée le 28 mai 1660. Molière la reprit tous les ans jusqu’à sa mort et ce fut celle de ses pièces qu’il joua le plus souvent : 122 fois.
L’intrigue qui débute appartient à la convention et nous est familière. Un père veut marier sa fille au mieux, c’est-à-dire au plus riche ; sa fille en aime un autre dont elle garde précieusement le portrait.
C’est alors que survient Sganarelle que l’on n’attendait pas. Le portrait s’égare et la folie gagne les protagonistes. Tout s’embrouille. Sganarelle, convaincu que sa femme le trompe, induit en erreur les uns et les autres, au point que bientôt tous se croient cocus ! Sganarelle est le premier spectateur. Il parle trop, s’embrouille, s’affole, s’emballe et le bon sens qui est le sien l’égare parfois plus qu’il ne l’éclaire. Plus il est délirant et plus il nous est familier, plus il nous ressemble. Ses préoccupations sont celles de la vie quotidienne, ses émotions et ses faiblesses celles des êtres humains. Quand il se rêve héroïque mais n’oublie jamais qu’il est mortel.
Comme dans un « précipité » de l’Illusion Comique, il est question ici de l’illusion et de la vérité. Le portrait, objet enchanté et convoité, passe de mains en mains. Sur chacun de ses possesseurs, son charme, celui de la représentation, opère. La vérité de l’illusion se déploie, captivant les esprits, dévoilant la fragilité des sentiments, vouant ses victimes à la solitude, révélant les peurs de chacun, dans un tourbillon explosif et jubilatoire. Par l’opération du théâtre, chacun est enfin ramené à la vie et à la légèreté.
Quant à la Représentation imaginaire, c’est l’affaire de Sganarelle.
Parce qu’il est là où il ne devrait pas être, qu’il fait ce qu’il ne devrait pas faire, il rêve la représentation et la déplace. Sganarelle, c’est le surgissement du temps dans l’espace, la tyrannie délicieuse de l’instant. Il dérobe les mots des spectateurs, franchit le pas, nomme le théâtre et avant qu’on n’ait pu intervenir, ravit la représentation.
C’est un trouble-fête par qui la véritable fête du théâtre arrive.

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