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Rue du Croissant

mise en scène Mohammed Ouachen

: Extrait

MARTINE DUBOIS, 47 ANS, 12 RUE DU CROISSANT, DEUXIÈME ÉTAGE, 99 M DE L’IMPACT.
Il y a toujours ce moment, ce moment où l’oeil de votre médecin s’éteint, le moment où il perd tout espoir. Il avait cru à une maladie rare, une maladie intéressante, quelque chose de compliqué. Mais non. C’est juste un bête truc. Un rhume, quelque chose ainsi. Et il est tellement déçu, le médecin, et il vous le montre, en plus, qu’il est déçu, il pourrait au moins faire semblant, pour que vous vous sentiez un peu intéressante, non, lui, il vous dit : « Ne vous inquiétez pas, Madame... » - je déteste qu’on m’appelle Madame, je n’ai pas de bague - qui a dit que je voulais m’inquiéter, ou pas m’inquiéter ?
Moi, comme tout le monde, ce que je veux, c’est d’être intéressante !...
Alors bon. L’autre jour, pendant que j’aspire, je fais un mouvement du bras, comme ça, qui balaye mon sein gauche, et sous mon bras, j’ai l’impression de sentir... Une boule !... Là !... Alors, j’arrête l’aspirateur, un Nifisk - j’aime beaucoup les Nifilsk - et je palpe de nouveau... Et je ne trouve plus rien. Alors je palpe, je palpe. Àà ce moment-là, un cri. Un long cri de femme. Et je me dis : je vais aller au balcon. Mais non. Faut d’abord que je palpe.


LYDIE POQUELLET, 28 ANS, 117 RUE DU CROISSANT, CINQUIÈME ÉTAGE GAUCHE, 118 M DE L’IMPACT.
... Et pour le coup, c’est nous maintenant la nouvelle immigration, à Bruxelles, c’est nous qui allons modifier cette ville, que vous le vouliez ou pas et nous allons changer vos façons de penser, de bouger, de manger, et ça ne pourra pas se faire sans quelques petits ajustements, de notre part comme de l’autre, tu vois ce que je veux dire ? Quelques frictions, un peu de racisme - c’est forcé - mais c’est un processus qu’on ne peut plus s’enrayer - et c’est vrai, nous sommes surtout des immigrés économiques, pour les loyers, l’impôt sur la fortune - mais il faut pas croire, nous, les immigrés Français, nous l’aimons, cette ville ! Nous avons émigré à Bruxelles parce que c’est si beau, Bruxelles ! Tout ça pour dire, que le cri, en effet, en effet, mais le temps de dévaler les escaliers, le temps de - j’habite au cinquième étage, quand même - le temps de...


KARIiMA AKOUNAD, 14 ANS, 39 RUE DU CROISSANT, 85 M DE L’IMPACT
... Parce que je serai une star, moi, une star ou rien, une sorte de Jamel Debbouze, mais en fille, et voilée, et je chanterai aussi, et je leur montrerai, à tout le monde, qu’on peut être pieuse, et jolie, et douée, et très très drôle ! Pour l’instant, je m’entraîne devant un miroir, dans la salle de bains, parce que c’est le seul miroir assez grand, et donc, je faisais mon sketch sur les trottinettes et les hélicoptères, je l’améliorais, petit à petit, ce sketch, surtout la partie hélicoptères, quand il y a eu le...


ADEY MENKARIUS, 11 ANS, 95 RUE DU CROISSANT, SEPTIÈME 69 M DE L’IMPACT
J’étais en train d’écrire le mot « horticulture », j’avais fini « orthi » et j’allais commencer à écrire « culture », et ce cri, ça m’a fait sursauter, et le « c » de « culture » est devenue comme une barre, au milieu des mots. Et moi, j’aime pas voir des ratures. Moi mes cahiers, ils sont beaux. C’est important, avoir des beaux cahiers. Plus tard, je pourrais les montrer à mon fiancé, et lui dire : « Tu a vu, comme ils sont beaux, mes cahiers ? » Alors j’ai pris mon effaceur et...


IMANE ABASS, 53 ANS, 76 RUE DU CROISSANT, CINQUIÈME 26 M DE L’IMPACT...
Parce que, quand même, on a beau dire, le plus difficile avec les enfants, c’est les 37 premières années...


HORTENSE DERSTIJVEN, 77 ANS, 76 RUE DU CROISSANT, TROISIÈME 24 M DE L’IMPACT...
Et je m’arrête de crier à cause de l’araignée, et je me rends alors compte que je ne suis pas la seule à crier, et qu’il y a...

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