Je suis fasciné par ces romanciers ou essayistes qui, entre deux fictions ou thèses, se lancent dans des récits autobiographiques partant « à la recherche du temps perdu » et ressuscitant par l’écriture les fantômes des êtres disparus.

En tant qu’homme de théâtre, mon désir est de suivre une démarche semblable, avec l’ambition de refaire vivre et de réincarner sur une scène les multiples êtres emblématiques, proches ou lointains, qui ont traversé mon histoire personnelle.

A la manière de Philippe Caubère, je voudrais raconter tantôt avec humour, tantôt avec émotion le roman d’un quarteron.

Manière de renouer avec la tradition du griot dont la fonction était en Afrique de l’Ouest de perpétuer les liens entre les différentes lignées et entre les hommes du présent et les anciens. Le crâne du griot était d’ailleurs à sa mort conservé dans le tronc d’un baobab. Manière aussi de renouer avec une des fonctions premières du rituel théâtral : le culte des ancêtres.

Mais il ne s’agit pas de raconter cette histoire sous la forme d’un conte, l’important sera d’articuler la carte d’identité de ce quarteron dans la Grande Histoire du vingtième et de la première décennie du siècle en cours. Le comédien interprétera également des modèles d’êtres, des personnages historiquement marquants.

Il s’agit donc d’une création dans laquelle le narrateur tantôt acteur, c’est-à-dire interprète de lui-même, tantôt comédien, c’est-à-dire interprète de personnages, racontera seul en scène le récit bigarré et semé d’embûches d’un homme en quête d’un Nouveau Monde.

Dans un espace dépouillé, la mise en scène prévoit l’intervention parcimonieuse du son et de l’image.

Philippe Laurent