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Résister

Guy-Pierre Couleau ( Mise en scène )


: Note d’intention

Il ne s’agit pas pour moi de rendre compte d’une réalité historique de la Résistance en France, de 1939 à 1945, pendant l’occupation nazie sur le sol de notre pays et je ne veux pas composer un panorama ou un état des lieux de ce que fut la Résistance. Je ne veux pas faire de reconstitution historique, car elle serait fausse.
Il est question ici de ce sentiment, de cet esprit de Résistance.
Le courage, la fraternité, le refus de l’aliénation, le désir de penser et d’agir en liberté, la volonté de léguer un futur positif, l’amour de la paix, le respect de l’autre, des droits de l’homme, l’horreur du totalitarisme, du fascisme, de la destruction de l’homme par l’homme… toutes motivations, secrètes ou exprimées, qui poussaient des hommes et des femmes, (parfois presque des enfants), à se révolter contre l’injustice, la violence et la barbarie. « La véritable justice, ce n’est pas la vengeance, c’est la mémoire. » Robert Badinter
Il semble impossible aujourd’hui de traverser cette épopée de façon réaliste et il serait vain, ou injuste, de vouloir incarner ces personnes sur une scène de théâtre. Pourtant, le théâtre est encore le seul lieu où il soit possible et juste de vouloir rendre vivante la mémoire de ceux qui ont refusé l’asservissement, parce que le théâtre est non seulement le lieu de la représentation de la vie, mais il est aussi le lieu de la parole, et la parole est l’instrument de la liberté.
Depuis Antigone, nous savons bien que l’esprit de résistance parle la langue du théâtre.
Il n’est possible de rendre aujourd’hui visibles aux yeux d’un public, que des impressions, des fragments de ces millions d’actes quotidiens, obscurs ou glorieux, héroïques ou anonymes. Et c’est pourquoi je ne citerai pas tel ou tel plutôt que l’autre. Il n’y aura pas de palmarès de la résistance dans le travail que je construis avec les comédiens. Non. Seulement des impressions, respectueuses de ce que furent ces années là, ces heures à attendre, ces secondes à agir.
Il y a ces mots d’autrefois qui ont fait notre liberté de parole et de mouvements d’aujourd’hui : courage, héroïsme, honneur, espoir.
Où sont-ils inscrits à présent, ailleurs que sur quelques monuments aux morts et dans les esprits d’une poignée de survivants ?
Où partiront ils lorsque aucun des acteurs de ce passé ne sera plus en vie ?
Comment ignorer, que par la force de nos mémoires, nous puissions perpétuer le souffle et la générosité de ces femmes et ces hommes ?
Comment ne pas se souvenir de ce que fut leur esprit ?
Comment effacer ce qui nous construit tous les jours ?
Comment passer sous silence les morts qui nous regardent encore aujourd’hui ?
Comment ne pas vouloir transmettre cela à nos enfants ?
Comment ne pas vouloir leur dire qu’ils sont une partie de nous et que nous avons besoin de leur regard respectueux ?

Guy Pierre Couleau

septembre 2001

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