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Questo buio feroce

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mise en scène Pippo Delbono

: Entretien avec Pippo Delbono

Dans Cette obscurité féroce plus encore que dans vos autres spectacles, vous parlez de la mort. Mais ce qui relève du tragique de la condition humaine vous l’envisagez ici presque avec sérénité ?


Pippo Delbono : Oui ce thème de la mort est dans tous mes spectacles, mais le plus difficile c’est de trouver le courage d’affronter directement un tel thème. L’inspiration est venue de ce livre d’Harold Brodkey, le grand romancier américain mort du sida, que j’avais trouvé lors d’un voyage en Birmanie. Mais mon histoire est différente de celle de Brodkey. Il y a toujours une part d’autobiographie dans mes spectacles, mais il est important que cela parle des autres. Brodkey n’était pas croyant, il n’avait aucune religion. À partir de son livre et de son histoire j’ai créé un poème qui dit comment cet homme arrive à retrouver l’harmonie et la paix sans la moindre référence religieuse. Sans jamais parler de Dieu.


Au début du spectacle, un acteur apparaît sur scène. Il est presque entièrement nu, mais il porte un masque. Que signifie ce masque ?


P. D. : C’est un masque africain. Cette histoire est née en Birmanie, pays qui vit sous une dictature extrêmement perverse, mais en même temps je parle du sida. Ce masque est une façon de dire que le sida est une maladie qui fait des ravages en Afrique où des milliers de personnes sont en train de mourir alors qu’il y a des médicaments qui existent, mais que pour des raisons économiques liées à des multinationales qui possèdent les brevets de ces médicaments, ces gens n’y ont pas droit. Ce qui est un énorme scandale dont pourtant on ne parle jamais. Mais le masque c’est aussi le carnaval qui est très présent dans le spectacle parce que le carnaval, c’est aussi quelque chose qui a à voir avec la mort. Enfin, le masque, c’est la morale et aussi l’hypocrisie de la société. Mais en vérité quand je crée un spectacle, je ne travaille pas sur le sens, mais plutôt de façon intuitive et extrêmement précise sur le rythme.


À l’arrivée, c’est à la fois un voyage et un poème qui frappe par sa lucidité et sa légèreté qui surprend s’agissant d’un sujet aussi grave…


P. D. : Je me sens juste quand j’aborde la question de cette façon. Tu as fait un parcours et tu dois en parler, ça te nourrit. Quand un de tes proches va mourir, tu vas transformer cette mort en une différente forme de vie. C’est tragique, mais c’est aussi quelque chose qu’il faut accepter ; l’occasion de commencer un voyage de vie différent. C’est pour cela que ce n’est pas triste. Ce sont des moments de grande lucidité. On fait un voyage à travers le temps.

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