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Quelque chose

mise en scène Bernadette Gruson

: Note d'intention

"L’histoire, c’est tout de même prodigieusement amusant. On est moins solitaire et tout aussi libre." Michel Foucault


Toute mon enfance, j’ai entendu « Madame, Monsieur, votre fille a des lacunes en Histoire». Or une lacune ce n’est rien d‘autre qu’un trou, un manque, un vide en soi.


Comment ne pas en avoir, quand, en pleine adolescence, on t’égare sur une ligne droite infinie, longue de millions d’années avec ces chiffres qui défilent comme les kilomètres sur l’autoroute, et comme seuls panneaux indicateurs des guerres, des invasions et des défaites.
Les grandes conquêtes de l’Humanité n’ont pas laissé grand-chose en moi parce qu’elles n’étaient pas reliées à ce que je vivais intimement, quelque chose qui pourtant était aussi une conquête.


Avec Sex story c’est deux millions d’années de cette conquête de quelque chose pour lequel on ne cesse de faire des pas en avant, des pas en arrière. Avec le recul, deux millions d’années très instructives d’essais, d’erreurs, de tentatives, d’échecs, d’émancipations.
Ce n’est pas l’Histoire, comme un film qu’on regarde et dans lequel on ne jouerait pas. Non, c’est toi, c’est moi, c’est nous, c’est eux, c’est elles, c’est hier, c’est aujourd’hui, c’est demain.
L’histoire de la sexualité c’est quelque chose qui nous relie, et en nous reliant nous comble. Dans les deux sens du terme combler. Combler les lacunes, les vides de langage, de perspectives, de repères (et non de croyances) sans lesquels on finit par être coupé-e de l’Histoire et de la nôtre. Et combler, tout simplement par ravissement, en apportant plaisir et allégresse.


Oui allégresse. J’insiste sur ce mot désuet, malaimé pour cause d’homophonie avec « Ah les graisses ! ». Car même si l’Histoire ne rime pas avec allégresse, même si en choisissant l’allégresse, l’allégresse n’est pas toujours au rendez-vous, continuer à choisir l’allégresse, ce n’est pas rien, c’est quelque chose, c’est essentiel et en plus ça détend, ou ça tend ça dépend, en tous cas ça fait du bien.

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