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Quand toute la ville est sur le trottoir d'en face

+ d'infos sur le texte de Jean Cagnard
mise en scène Catherine Vasseur

: Notes d'intention

Comment s’en sortir lorsqu’on est toxicomane ? Comment voit-on le monde ? Comment nous voit-il ? N’est-on pas en permanence « sur le seuil », à cet endroit de mise en jeu de la vie ? Est-on jamais sûr de se réveiller, et dans quel état ? Est-on jamais sûr du prochain pas ? À travers la voix du résident en institution et celle de l’éducateur, grâce à la langue percutante de Jean Cagnard, nous traversons une très longue journée, peut-être infinie, pendant laquelle la vie a la nécessité de se réinventer, parfois de façon drôle et cocasse malgré la souffrance.


Ce texte fut écrit lors d’une résidence d’écriture au sein du centre résidentiel thérapeutique de Blannaves à Alès. Une première lecture en fut faite aux résidents et soignants par la Compagnie 1057 Roses. Et depuis ce texte nous accompagne. Souvent il fait partie des lectures que nous donnons ici et là. C’est ainsi que naturellement il prend sa place dans le parcours de la compagnie, pour aboutir aujourd’hui à sa création.


Encore une fois l’image que l’on se fait des gens est fausse. On ne devrait pas l’oublier. La peur de ce qu’on ne connaît pas, de l’étranger, du mystère, est toujours vivace. Les toxicomanes ont en plus pour eux de déformer les frontières de la vie. Ils ne vivent pas différemment, comme on peut le dire d’une civilisation étrangère, ils explosent notre gentil périmètre citoyen pour essayer de l’ajuster à leur épreuve. C’est de la couture, un peu à la hache certes (quand ça ne manque pourtant pas d’aiguilles). Ils sont au-delà. Ils inventent. Et il y a du vertige à leur porte et notre propre perte d’équilibre n’est jamais très loin. Des gens dont les œuvres sont violentes et ahurissantes parce que le matériau de leur inspiration est leur propre personne. Ça s’appelle jouer avec la mort tandis qu’il est recommandé de profiter de la vie. C’est de l’interprétation libre et inquiétante de la condition terrestre.


Et puis comme souvent derrière les apparences, c’est la machine humaine qui est en action tout simplement. Ce qui envoie les gens hors d’eux-mêmes est souvent la souffrance et les diables deviennent des enfants haletants. Et l’image que l’on a sous les yeux est alors exclusivement réelle, loin du fantasme. Et toute peur que l’on a pu avoir devient ridicule.


Le texte ne possède pas de structure narrative en tant que telle. C’est davantage une succession de tableaux, amenés à se frotter les uns aux autres et qui finissent par former un paysage singulier dans un centre thérapeutique pour toxicomanes. Evoquant différents instants de vie du résident (tous les résidents) face à lui-même ou à l’éducateur (tous les éducateurs), l’enjeu final est de se libérer définitivement du produit et de l’addiction. Comme la vie elle-même dans ces lieux de soins et de combat, le texte est fragmenté et porté par différentes écritures, dialogues, prose, poésie : ça parle, ça gueule, ça pense, ça ressasse, ça ment, ça rumine, ça dit, ça cache, ça souffre, ça philosophe, ça s’exalte… chaque état nécessitant une densité particulière. Les extraits sont donnés dans le bon ordre. En supposant qu’il y en ait un dans le chemin qui mène à vouloir s’en sortir.


Cette stimulante écriture plurielle (dialogues, monologues, poèmes, nouvelles) que Jean Cagnard convoque dans son oeuvre dramatique, fragmente l’histoire comme à travers un kaléïdoscope. Ce sont ces paysages que nous écrirons au plateau.

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