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Quand m'embrasseras-tu ?

+ d'infos sur le texte de Mahmoud Darwich
mise en scène Claude Brozzoni

: Choisir Darwich

Quoi de plus terrible que la guerre dans une même famille, entre deux frères, pour la terre, pour la femme, pour l’argent... Car cette guerre aboutit à tout ce qui est interdit, le vol, le mensonge, le meurtre…
Quoi de plus terrible que de voler, de mentir, de tuer son frère…
Quoi de plus terrible que la destruction d’une famille par la famille.
Comment continuer, après… ? Comment se regarder, se reconstruire?
Combien le chemin du retour est long, difficile, et combien il est balisé de souffrance et de nouveaux morts.
Souvent, ce conflit ne s’apaise que dans le sacrifice, encore, des plus doux, des plus amoureux, de ceux qui veulent le plus vivre, le plus donner la vie.
Tous les grands poètes ont écrit sur ce thème : Sophocle, Shakespeare, pour ne citer que les plus anciens. Il suffit de lire l’histoire de Roméo et de Juliette et celle d’Oreste.


La Palestine. Cette Terre des trois religions monothéistes est une des mères des lois qui régissent et organisent une grande partie de la communauté humaine. Terre où les mots paix et amour ont été le plus souvent prononcés, épicentre des grandes utopies.Terre où une terrible catastrophe ne semble pas vouloir se terminer.
« Petite guerre » du monde contemporain, mais longue aussi, le conflit israélo-palestinien, frères contre frères qui focalise le plus de haine et de violence dans le monde.


Le choix du poète Palestinien Darwich n’est pas fait pour prendre une position politique sur un conflit qui hante les jours et les nuits de la planète, mais parce que la maladie de la Palestine est le symbole d’un mal universel. Elle est violente car elle vient de peurs ancestrales, « mythologiques », elle est ancrée au fond d’un souvenir lointain, comme l’inceste. C’est la souffrance d’un monde qui, plus ou moins vite, plus ou moins silencieusement, insidieusement, se propage dans tout le corps planétaire et le détruit.
Seule manière de la combattre, c’est d’exprimer les sentiments enfermés en nous, ceux que nous cachons par pudeur, par honte, ou même par éducation.
L’émotion, le plaisir, la joie, l’amour, la fraternité, la beauté.
Comment ? Par le chant, la musique, la parole, la voix, la lumière.


À travers les mots d’un poète, c’est le désir de faire chanter la langue des hommes, leur inventivité, leur générosité pour faire renaître, ressusciter l’espoir qu’on leur vole par la diffusion d’images et de messages de catastrophes.
Choisir Darwich, c’est donner voix à la parole d’un poète qui a continué, malgré l’horreur et le désespoir qu’il a vu et vécu, de chanter la terre, sa beauté et par-dessus tout à évoquer l’Amour.


Parce que la Palestine devient une métaphore de la condition humaine, la voix de Darwich peut être celle de beaucoup de peuples, de cultures, de communautés et d’individus qui se sentent rejetés, exploités, non écoutés, ni pris en compte.
Parce que cette voix est belle, qu’elle ne se complait ni dans le cynisme, ni la morosité, ni la détresse, parce qu’elle est lyrique et humaniste, elle dit surtout l’espoir de tous et de chacun.
Parce que Darwich prête voix à son peuple, qu’il chante la terre comme mère, l’amour d’une femme, le désir et le combat. Sa poésie est une arme, un cri d’amour qui devrait nous réveiller, nous la communauté humaine, et nous faire sortir de notre léthargie pour évoquer toute la beauté qui nous entoure.
Choisir Darwich, c’est choisir la poésie parce que c’est une force qui tient à son mystère.


J’ai envie de faire du théâtre dans la couleur, de construire un espace simple, tranquille.
Pas de faux décors, pas de murs, de portes, ou de fenêtres. Un espace épuré où l’on vient dire et raconter.
Un rectangle fait de beaux tapis d’Orient, des chaises, des micros, une toile de fond peinte.
Je pense à Abdel Sefsaf, à son énergie, à sa force intérieure, à la beauté de sa voix, à son charisme.
Je pense à Claude Gomez, à sa musique, son intériorité, sa profondeur, à la force de sa présence.
Je pense à Georges Beaux, à son intelligence de l’espace sonore, à sa sensibilité musicale, à ses conseils et son amitié.
Je pense à Thierry Xavier, à sa peinture, à son rire, à sa faim, aux voyages qu’il me fait faire dans l’écriture picturale à plat.
Je pense à Pascale Robin, à son amour des tissus, des couleurs, à son métier, à son rire. Je pense aussi à Darwich.
C’est en un cabaret théâtral musical et poétique que s’est transformée cette idée.


Nous mettons en musique les poèmes de Mahmoud Darwich. Nous allons chanter et dire les poèmes de Darwich, ses textes, son style, la beauté de sa langue, en français mais en arabe aussi. Ce sera une sorte de concert, mélangeant musique du monde, jazz et voix d’inspiration soufie.
Un spectacle d’émotions, de sentiments à la recherche d’une communion avec le public.
Un cabaret du plaisir où l’on chante la beauté du monde, l’amour des autres et l’amour des hommes entre les hommes.
Un chemin de vie qui s’oppose au cynisme ambiant, au morbide et au désespoir.

Claude Brozzoni

décembre 2009

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