Conscient qu’un regard extérieur sur cette histoire pourrait compléter celui de l’auteur, j’ai hésité avant de me lancer dans la mise en scène. Au fil des rencontres et des avis de l’équipe qui m’entoure, (production-édition) il fut évident, vue la complexité des personnages et de l’histoire dans cette pièce que, compléter l’écriture de cette pièce par la mise en scène aurait son intérêt pour la création ; et ainsi diriger les comédiens et les situations telle que je les avais imaginés lors de l’écriture.

Soucieux de ne pas perdre alors ce recul nécessaire, j’ai voulu m’entourer d’une personne qui en aurait assimilé toutes les nuances, la sensibilité, la poésie et surtout compris l’ampleur du travail à mener avec l’équipe. Fanny FAJNER, fut cette personne et m’épaule dans la direction des acteurs et les choix à faire sur ce projet.

Les personnages et les situations étant originaux ou en marges de comportement « commun », ils réclament une sincérité profonde et une grande rigueur de composition des comédiens. Nous allons dans un premier temps faire un travail sur la construction des personnages, leur complexité... puis un décorticage des « scène-à-scène » qui aura aussi l’avantage de nourrir les rapports très particuliers, si nuancés que ces deux-là ont tout au long de cette histoire. Cette pièce est un long plan séquence ; pari difficile pour les comédiens. Je vais donc les soutenir par un parcours, simple et efficace. Je veux écrire la mise en scène comme une partition musicale qui visiterait nombre de genres musicaux sans aucunes anicroches où tout s’entend, se voit, se vit parce que cette pièce a cette richesse.

M’inspirant pour le ton et les ambiances de film, « Orange mécanique » pour l’intemporel et la dangerosité, ou d’un cinéma italien des années 50, voire plus généralement du cirque pour le clown à certains moments. Je m’efforcerai de mêler la brutalité du réel à la candeur du métaphysique, la poésie a l’humour loufoque car la pièce traverse tous ces univers comme un voyage pour ces deux personnages revisitant l’humain. La bande son viendra illustrer ces choix. La Lumière ajoutera en visuel ces choix d’humeur.

Je veux par la mise en scène trouver une fluidité dans tout ce parcours d’émotion que vont vivre ces deux personnages à fleur de peau, marchant sur le fil le plus étroit de la vie : la recherche de soi-même…

Matthieu Becker