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: De l’histoire de la Clinic Orgasm Society…

En octobre 2000, Blaise Ludik, Harold Henning et Ludovic Barth, après avoir produit un premier « truc » qu’ils jouent d’abord dans le salon d’Harold, puis au cours de la Happening Night du Théâtre Varia, décident de fonder la Clinic Orgasm Society. Après l’exploitation de leur « truc » qui s’appelle d’abord Toxic, puis Melvin Trilogie et qui est présenté aux Halles de Schaerbeek, Ludovic demande à Mathylde Demarez de changer de sexe (virtuellement) et d’en faire un spectacle. Ce sera J’ai gravé le nom de ma grenouille dans ton foie. Créé en 2003 à l’Envers à Bruxelles, le spectacle connaîtra plusieurs étapes avant de remporter un beau succès avec 150 dates de représentations en France, Belgique, Suisse et Italie, notamment au Varia.


En septembre 2007, Ludovic et Mathylde proposent à Blaise et à Mélanie Zucconi de participer à un projet sur la merde qui se transforme en spectacle sur la genèse. Ce sera DTC (On est bien), créé au Manège de Mons dans le cadre du Festival VIA, et repris sous une nouvelle forme au Théâtre Varia, au Festival Mythos à Rennes et à L’Arsenic à Lausanne. Le Théâtre du Grand Bleu à Lille prend la compagnie en résidence. En juin 2009, Mathylde propose à Catherine Brevers et à Mélanie de se lancer dans une nouvelle recherche, tandis que Claire Deville propose à Ludovic de faire un nouveau « truc ». Ainsi naissent les bactéries qui vont conduire à Pré et à Fusée, bientôt rejoints par Blé qui se glisse entre les deux. La thématique de la « normalité » devient une évidence qui lie les trois projets. D’autres collaborateurs bien sûr les rejoignent.


…À la tragique histoire de Lala Ferrero


Ce qui intéresse Ludovic Barth et Mathylde Demarez, qui sont à l’origine de ce triptyque « normal ? », c’est de voir jusqu’où l’être humain peut aller pour pouvoir dire au fond qu’il est normal, les contraintes qu’il peut s’infliger, les tensions qu’il peut subir de lui-même…


PRÉ raconte, sous le mode d’une fable épique, l’histoire d’une héroïne moderne, dotée d’une vulve disproportionnée et d’un super pouvoir. Elle est le symbole de la surpuissance de la séduction sexuelle qui s’étale sur nos murs et nos écrans de télévision, mais elle est aussi une incarnation de la pulsion sexuelle dans ce qu’elle a de sauvage, de cru et de brut : celle qui à la fois attire et terrorise l’humanité depuis des lustres. Une super héroïne. Malgré elle, un monstre, hors norme, qui attire, qui fait peur, qui se sent seul, alors qu’elle voudrait avoir des amis, un homme, une famille, une vie… normale.


Son super pouvoir est plus un embarras qu’une bonne fortune. Il repose sur la part organique du corps que la société moderne et occidentale cherche à tout prix à gommer, à effacer, à vouloir faire disparaître. D’un côté, le sexe est partout et de l’autre, le corps se doit d’être lisse, sain, beau, inodore et appétissant à tout moment. Lala Ferrerro est la matérialisation de ce combat incessant entre les aspirations de l’esprit et les contingences du corps, entre une humanité que nous voudrions parfaite et une réalité imparfaite.


En développant une forme hybride entre le concert punk, les fêtes foraines, le roman d’amour, le rite initiatique et la bande dessinée, Catherine Brevers et Mathylde Demarez brouillent la frontière entre l’onirique et une réalité crue et brute. Épouvantablement belles, monstrueusement désirables, ignoblement attirantes, elles se dédoublent pour faire jaillir le monstre magnifique qui les habite. Elles plongent cette histoire petit à petit devant les spectateurs, une sorte de digestion en direct. L’histoire commence à se corroder, ses coutures craquent de partout, elle se transforme et se distord en déviant de son axe tout tracé. Elles font surgir cette grâce poétique et surnaturelle que seule la belle peut percevoir dans les yeux de la bête… Ah Lala

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