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Plus grand que moi

+ d'infos sur le texte de Nathalie Fillion
mise en scène Nathalie Fillion

: Parole de metteuse en scène

par Nathalie Fillion

Une interprète. Mettre en scène une actrice seule en scène, c’est partir à la découverte de l’amplitude d’une interprète, celle que l’on connaît, celle que l’on pressent, et celle qui va nous surprendre. C’est ne rien se refuser a priori et ouvrir avec elle, en toute conscience, toutes les portes du Jeu, de tous les Jeux, de toutes les voies et toutes les voix. C’est remettre au centre de l’acte théâtral l’acteur - ici l’actrice - qui fait naître sous nos yeux toutes les fictions possibles.


Un voyage. Pour figurer la chambre de Cassandre Archambault sous les toits de Paris, d’où partent tous ses voyages imaginaires : un espace vide, ou presque, qui laisse place aux images de chacun, de la Grèce antique à Ouarzazate en passant par New York. Un vélo d’appartement vintage, prêt pour le voyage immobile. Un ventilateur chromé qui tourne tout au long du spectacle dans un mouvement sans fin. Un portant, structure verticale, à la fois usuel et stylisé, qui porte le vêtement autant que le corps. Des ombres, aux murs, au sol, affirmées. Un broc d’eau, une bassine. Un peu de lumière, un peu de son, beaucoup de corps, de mots, et de jeu.


Une performance. La notion de performance est ici prise dans son acception française : un truc épatant. La performance physique de l’actrice (elle pédale beaucoup et très vite tout en jouant) est reproduite à chaque représentation. Toutes les séquences sont liées à des actions physiques précises, exigeantes physiquement pour l’actrice.
Pourquoi ? Si ma mémoire est bonne, nous avions convenu dès l’origine du projet et d’un commun accord, qu’être seule en scène pendant une heure n’allait pas de soi. Peut-être par ce que nous sommes des femmes… Je ne me souviens plus… Nous avions l’intuition que prendre légitimement la parole sans la rendre pendant tout ce temps allait demander, en contrepartie, de faire des trucs un peu dingues - des trucs épatants.


Et Zeus dans tout ça ?


Une époque de merde. Comment parler d’une époque quand on est en train de la subir autant que de la vivre ? D’ailleurs, qu’est-ce qu’une époque ? A quoi la reconnaît-on ?
Comment la définit-on ? Le texte et le spectacle se sont écrits de juillet 2016 à mars 2017, quelques mois pendant lesquels le simple geste d’ouvrir la radio ou le journal donnait des sueurs froides. Les attentats résonnaient encore. La menace d’une victoire du Front National grondait. La guerre se déchainait en Syrie. Les réfugiés et les migrants continuaient de demander notre aide. Le silence de Zeus était assourdissant. Et, cerise sur le gâteau, dans la même semaine Donald Trump était élu président des USA et Leonard Cohen disparaissait.
Bref, une époque de merde. Elle imprègne le spectacle, par capillarité. Il s’agissait pourtant de ne pas se laisser abattre, de se poser théâtralement les bonnes questions sans faire semblant d’avoir les bonnes réponses. Il s’agissait aussi de ne pas nous laisser enfermer dans l’instant T et dans l’actualité, et de défier la pesanteur du monde. Ainsi, chacune portant nos âges respectifs et tous ceux qui vivent en nous, nous avons laissé l’époque nous traverser, et nous avons rejoint toutes les autres.

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